Diane Setterfield, "Le treizième conte"

Je me dépêchai. A huit heures moins trois, j’étais en chemise de nuit et en pantoufles, à attendre que mon eau veuille bien bouillir. Vite, vite. Huit heures moins une. Il était important de faire vite. Car à huit heures précises, le monde s’arrêtait de tourner. C’était l’heure de lire.

Il s'agit d'un roman à tiroirs tout à fait captivant. Les intrigues se multiplient et tout finit par se tisser génialement dans les derniers chapitres, autour du thème principal : l'identité. Quelle est notre place dans une famille ? Comment se construire lorsqu’on a une sœur jumelle et qu’on nous cache de lourds secrets ?

La romancière Vida Winter vit recluse dans son manoir du Yorkshire et sent sa fin approcher. Durant l'hiver, elle contacte la trentenaire et solitaire Margaret Lea et lui propose de venir s’installer au manoir, le temps de rédiger sa biographie. Margaret, qui a toujours vécu à l’abri du monde dans la grande librairie de son père, s’alimentant de romans du XIXe siècle et de vieux journaux intimes, hésite mais finit par accepter. Dès lors, elle va entendre, chaque jour, des fragments d’existence, des morceaux de vie qui pourraient bien être la vérité, des histoires de neige, de violence, d'amour et de fantômes. A la fois confidente, biographe, détective, auditrice puis amie, la jeune femme va se laisser emporter par la passionnante saga des Angelfield dans laquelle même les personnages moins importants (comme le savoureux chat Shadow) sont brossés avec une infinie tendresse.

Un ouvrage unique, mystérieux, intrigant jusqu’au bout, émouvant aussi, très bien construit, écrit et traduit. Le style est travaillé, fluide, l'atmosphère envoûtante, l'amour des mots très présent : un vrai coup de cœur pour l'hiver ; en plus, le texte se déroule de chaque côté de Noël ! 
A lire aussi : les avis tout aussi enthousiastes de l'Or, de Soukee et de Romanza.
563 pages