Emile Zola, "Le Paradis des chats et autres nouveaux contes à Ninon"

  

Repéré chez Lou, ce petit ouvrage mince et souple attendait d'être lu depuis longtemps ; il patientait, sagement rangé dans l'une des bibliothèques du salon, et hier matin, il a enfin été ouvert ! Concernant le génial Zola, vous savez peut-être que j'ai commencé à lire, l'an dernier et dans l'ordre, les 20 volumes de ses "Rougon-Macquart". Mais je ne connaissais aucune de ses histoires courtes. En voici trois.

1. "Le Paradis des chats"

Une tante m'a légué un chat d'Angora qui est bien la bête la plus stupide que je connaisse. Voici ce que mon chat m'a conté, un soir d'hiver, devant les cendres chaudes.

Dans ce conte-fable, le félin-héros, gras, gourmand et gâté, va raconter sa courte incursion dans le monde des matous de la rue : dédaignant le confort dans lequel il vivait, il s'est surpris à fuguer. Mais la liberté coûte cher, son coussin moelleux ainsi que ses parts de viande généreuses lui ont bien vite manqué.

2. "Le grand Michu"

Un gaillard de 18 ans, venu de la campagne varoise au pied du massif des Maures, se retrouve dans une école où il ne mange pas à sa faim. La révolte ne va pas tarder à gronder au réfectoire et le grand Michu, ce grand collégien à la tête dure, mènera la rébellion d'une façon inattendue et touchante.

3. "Mon voisin Jacques"

J'habitais, rue Gracieuse, le grenier de mes 20 ans. La rue Gracieuse est une ruelle escarpée qui descend la butte Saint-Victor derrière le jardin des Plantes.

Le voisin du narrateur, un homme vieillissant, paraît bien mystérieux. Le jeune homme l'entend rire avec sa famille à travers le mur et échange quotidiennement avec lui une poignée de main chaleureuse, mais impossible de savoir quel métier il exerce. Un jour, l'apprenti écrivain (Zola ?) comprend pourquoi : Jacques est croque-mort et souffre du dégoût et de la crainte qu'il fait immanquablement naître. Une rencontre et un portrait émouvants.

Illustrations charmantes signées Anne Brouillard, narrateurs disparates, instantanés d'une vie simple, plume efficace : j'ai aimé cette brève lecture. Sans doute Ninon, l'amie-amoureuse d'enfance, l'aura-t-elle appréciée aussi.

Je m'engage à t'aimer encore, plus tard, lorsque j'aurai vainement cherché d'autres maîtresses en ce monde, et que j'en reviendrai à mes premières amours. Alors, je regagnerai la Provence, je te retrouverai au bord de la petite rivière. Attends-moi, ma chère âme, vision fidèle, amante de l'enfant et du vieillard. (extrait des premiers Contes à Ninon)

61 pages