Jean-Louis Fetjaine, "Les chroniques des elfes" (3 volumes)

Il s'agit d'une trilogie fondatrice signée Fetjaine, en préambule à sa Trilogie des elfes. Principalement lue en camping, cette épopée d'héroïc-fantasy francophone m'a emballée (merci, Carine ^_^). 

Lliane est la fille d'Arianwen et de Morvryn, reine et roi des Hauts Elfes de la forêt d'Eliande, un sanctuaire menacé. En effet, hiver et neige sont arrivés bien trop tôt : quelque chose ne va pas, tout le peuple elfique le sent bien. De plus, des hommes (plus précisément des moines parmi lesquels se trouve le novice Maheolas) se sont aventurés dans les bois sacrés et s'y sont faits déchiqueter. Ker, rude souverain du royaume de Logres, envoie d'ailleurs son fils Pellehun s'associer aux barbares des Montagnes pour contrer l'ennemi qui approche. Car la terrible armée des monstres (orcs, gobelins, kobolds et sinistres loups noirs) est sur le point d'attaquer. Alors que Gwydion, le vieux maître druide d'Eliande, vient de percevoir un étrange lien entre l'humain Maheolas et la jeune elfe Lliane, l'heure du combat a sonné... 
De ce premier volume inspiré de légendes irlandaises, se dégage une atmosphère à la fois poétique et violente. Si toutes les créatures qui le peuplent nous sont bien connues depuis Tolkien, l'intrigue, démultipliée, est pourtant captivante : on se laisse emmener sans peine à travers les futaies d'Eliande, les grottes des orcs, jusqu'au cœur de la bataille. On croise même l'épée du roi-dieu primitif Nudd-au-bas-d'argent, que les nains nommèrent Caledfwch et les hommes, Excalibur...
265 pages

Plusieurs mois après la bataille qui a coûté la vie à sa mère, la princesse Lliane est toujours portée disparue et activement recherchée par son père, le roi Morvryn : celui-ci a quitté la Forêt d'Eliande, laissant le royaume aux mains de Maerhannas, la régente. En réalité, la jeune et belle elfe a été enlevée par les orcs et conduite jusqu'à leur cité dans l'Enfer Glacé, auprès de Celui-qui-ne-peut-être-nommé, le descendant de Lug, un dieu primitif. Dans les Terres Noires, humiliée, forcée de tuer pour sa survie puis vendue à une souteneuse gobeline, Lliane retrouve Maheolas, le petit moine humain qui a échappé à la garde des Hauts Elfes : sans qu'on sache pourquoi, le Maître semble avoir choisi l'énigmatique adolescent, rebaptisé Maelwas, comme héritier ! Du côté des hommes, le prince Pellehun qui avait abandonné ses soldats à une mort certaine face aux monstres, fait tout pour effacer les traces de sa trahison, avec l'aide de Gorlois, un baron sans scrupule. Pellehun est aussi sur le point de s'associer à cette toute nouvelle Eglise humaine, qui veut éliminer tous les autres peuples originels pour ne plus célébrer qu'un seul dieu tout puissant. Et puis un petit nouveau fait son apparition à Logres : le jeune Leo De Grand, fils aîné du duc de Carmélide, une brute qui sait se faire respecter de tous.
Pour finir, les nains sont également présents, en la personne de Troïn, Roi sous la Montagne Noire.
Ce deuxième tome, tissé d'habiles intrigues politiques et de quelques scènes d'une grande barbarie, gagne en tension et se dévore presque d'une traite. Tout se met en place pour le grand affrontement final. Le Graal, ce chaudron de la connaissance détenu par les elfes, est aussi évoqué, on s'approche peu à peu de la légende du Roi Arthur...
256 pages

Dans l'ancien monde, l'été est finalement revenu. Or, il promet d'être douloureux.
Après son emprisonnement dans les Terres Gastes et un séjour chez les nains, Lliane est retournée auprès des siens et, suite à l'abdication et au départ de son père Morvryn, a été couronnée reine sous la forêt d'Eliande. Mais la guerre contre le Mal est loin d'être terminée : les elfes vont s'associer aux hommes du royaume de Logres, dont Pellehun est devenu le monarque, et même à l'immense armée des nains, pour tenter de contrer les troupes innombrables de Celui-qui-ne-peut-être-nommé. Du couronnement religieux de Pellehun jusqu'à l'effroyable combat général dans les marais des elfes gris, en passant par la spectaculaire bataille près de la forteresse naine d'Agor-Dôl, la création de la Table Ronde et la naissance de Merlin, mi-elfe, mi-homme, ce troisième volume ne laisse pas une seconde de répit.
Là encore, les chapitres filent à toute vitesse, l'intérêt ne fléchit jamais. Au final, ce qui m'a séduite, c'est que, d'une certaine manière, Fetjaine semble avoir tissé dans une même œuvre l'univers du Seigneur des anneaux avec le mythe arthurien. Brillamment. 
296 pages

La suite est là...

PS : En lisant ces pages (et en anticipant sur la trilogie qui suit), comment ne pas penser au chef d'oeuvre de Marion Zimmer Bradley relatant l'histoire d'Ygerne (épouse de Gorlois de Tintagel), d'Uther Pendragon, de Morgane, Viviane et Arthur, un récit qui m'avait transportée il y a trois ans de cela. (850 pages en deux tomes)