Anne Hébert, "Kamouraska"
Kamouraska est le nom algonquin d'un endroit maudit... L'histoire de ce roman oscille entre 1835 et 1855. Nous sommes à Québec et Elisabeth d'Aulnières, l'épouse du notaire Jérôme Rolland, se prépare à la mort de celui qu'elle a épousé il y a 18 ans, en secondes noces. Après une nuit d'insomnie, la narratrice s'endort enfin, mais d'un sommeil lourd, peuplé des terribles fantômes de sa vie passée. Mariée à 17 ans au seigneur de Kamouraska, rustre, violent, ivrogne et infidèle, la fragile Elisabeth tombe amoureuse de George Nelson, un médecin américain. La passion emporte tout et poussera bientôt les amants à commettre l'irréparable.
Si j'ai d'abord été déroutée par l'écriture saccadée, en phrases courtes, impressions hallucinées au présent, ce pointillisme dans l'écriture m'a aidée à visualiser les scènes : les étendues blanches et poudreuses, la lumière vacillante des bougies... J'ai aussi beaucoup aimé les 3 tantes d'Elisabeth : telles des fées-souris, elles sont bien décidées à protéger leur "Petite" du malheur. Variation des points de vue, style infiniment pictural sur fond de neige et de sang, justesse des sentiments : ce beau roman, repéré chez Karine, montre que l'amour peut parfois tout emporter, tout briser... et malgré tout durer une vie entière.
246 pages