Sook et Buddy : Christmas cakes and cookies
Alors qu'il fait ici un vrai temps d'hiver (vent, pluie, brrr), je vous propose d'aller nous réchauffer ensemble dans une cuisine accueillante et parfumée.
Il y a deux ans, je découvrais chez Milly le récit autobiographique de Truman Capote intitulé Un souvenir de Noël. Un texte doux-amer dans lequel l'auteur, qui a passé son enfance loin de ses parents, dans de la famille éloignée, en Alabama, raconte le rituel des cakes aux fruits. Chaque année, jusqu'à ses sept ans, le petit Truman confectionnait des gâteaux de Noël avec sa meilleure amie, la vieille Sook, une cousine éloignée et un peu simple d'esprit, qui le surnommait affectueusement "Buddy" et qu'il aimait tendrement. Retour dans les années 30...
Imaginez une matinée de fin novembre. Le début d'une matinée d'hiver il y a plus de vingt ans de cela. Concevez la cuisine d'une vieille maison de guingois dans une ville de province. Un grand fourneau noir en est le principal ornement, mais il y a aussi une grande table ronde et une cheminée avec deux fauteuils à bascule placés devant. C'est justement aujourd'hui que la cheminée a commencé son ronronnement saisonnier.
"Pauvre de moi, s'écrie Sook, son souffle enfumant la vitre. C'est un temps à faire les cakes aux fruits."
Avant de s'atteler à la tâche, il faut d'abord aller récolter les noix de pécan, dans un champ voisin de la maison, à l'aide du landau à tout faire. Puis compter, sou après sou, cent après cent, l'argent nécessaire pour aller faire les emplettes indispensables au comptoir de Mr Jones.
Le fourneau noir, bourré de charbon et de fagots, rutile comme une citrouille éclairée de l'intérieur. Les fouets à œufs battent, les cuillers tournent dans les bols de beurre et de sucre, la vanille adoucit l'air, le gingembre l'épice ; mêlées et chatouillant les narines, les odeurs imprègnent la cuisine, envahissent la maison. En quatre jours, le travail est accompli. Trente et un cakes, humides de whisky, reposent sur l'appui des étagères. Maintenant, la branche nue d'un figuier de décembre frotte la fenêtre.
Une fois tous les gâteaux préparés, Buddy et Sook boivent le whisky restant et s'amusent comme des petits fous, au grand dam du reste de la famille ! Tout cela est relaté avec tellement de chaleur et d'émotion qu'on ressent fortement le lien profond qui a uni ces deux êtres pendant ces années-là. Ces quelques pages - les seules que j'aie jamais lues de Capote - m'ont vraiment marquée. En bien, en doux. ^_^ Une histoire d'amour, en fait. Le billet de Lou, paru justement hier !
En ce petit matin gris et froid, envie d'une cuisine toute en bois, où flotterait la délicieuse odeur des pancakes, sur lesquels on ferait fondre des morceaux de beurre. Du lard grillé, des œufs brouillés. Bref, un petit déjeuner "country" pris en regardant la neige par la fenêtre. Un chat de gouttière grassouillet et au pelage bien doux qui ronronnerait juste à côté, sur le tapis...
Et, immanquablement, je repense à ce billet délicatement odorant, paru chez Milly, ainsi qu'à cet autre mélange parfums-saveurs, retrouvé chez Marielle. Mmmm... Me viennent aussi, sur les papilles, des envie de vin chaud délicatement épicé (goûté chez Gwladys il y a peu), d'oranges piquées de clous de girofle (également vues et senties chez Gwladys), de marrons (très) chauds, de petits gâteaux dorés au chocolat (comme ceux d'Emma) et de sablés en forme d'étoiles saupoudrés de sucre-glace (un peu comme chez Mya Rosa), pas vous ? ^_^
Vous aurez sans doute compris que ce billet (prêt depuis une bonne dizaine de jours, slurp !) se voulait en lien avec le thème proposé par Mya Rosa pour son challenge : ce vendredi, c'est Noël en cuisine... Bon je le reconnais, j'ai un peu triché, ce n'est pas moi qui ai enfilé mon tablier aujourd'hui ^_^. Miam, malgré tout ! Des extraits gourmands, aussi, chez L'Or.
En prime, des décorations de Noël adorables, admirées samedi dernier, lors d'une virée shopping entre filles (eh oui, parfois il m'arrive de quitter mes chères montagnes pour descendre à la Ville ^_^). Féerique.
En décembre 2014, j'ai pu voir le téléfilm adapté du livre de Capote.