Elizabeth von Arnim, "Avril enchanté"
Dans les années 1920, deux jeunes dames londoniennes, l'exubérante Mrs Lottie Wilkins d'un côté, la trop pieuse Mrs Rose Arbuthnot de l'autre, lient connaissance grâce à une petite annonce parue dans le Times : Mr Briggs, un gentleman anglais, loue pour un mois le vieux château qu'il possède en Italie, non loin du golfe de Gênes. Quelle évasion ! Partir à l'étranger, loin, très loin, profiter du soleil en laissant des maris acariâtres ou, pire, indifférents, sous la pluie au pays ? Est-ce bien raisonnable ?
Trouvant bientôt deux autres compagnes avec qui partager le loyer, une veuve rigide de 65 ans, Mrs Fisher, ainsi que la merveilleuse et évanescente lady Caroline, Rose et Lottie partent passer le mois d'avril sur la riviera.
A San Salvatore, un immense castel médiéval, chacune des 4 héroïnes profite des jardins, de la vue sur les eaux limpides de la Méditerranée, des sentiers qui mènent à la mer, des couchers de soleil, des bons petits plats et des petites attentions de la gouvernante Francesca.
Mais, alors qu'elles étaient parties dans le but de fuir le bonheur perdu, pour s'isoler, aspirant au calme et au repos, le domaine, de manière totalement imprévisible, va toutes les changer. La beauté du lieu, les parfums envoûtants des fleurs, les lumières éclairant la baie, tout semble magique : dans ce petit paradis, les sentiments perdus vont renaître, les cœurs délaissés vont se remettre à battre et ces femmes, se métamorphosant, vont retrouver le goût de vivre et d'aimer pleinement.
Si j'ai eu un petit peu de mal à entrer dans l'histoire (les premiers chapitres relatant la rencontre et la réponse à l'annonce m'ont paru un peu longuets, j'avais d'ailleurs abandonné cette lecture une première fois l'an dernier), j'ai été véritablement conquise par le reste du roman ! Un roman sur le bonheur et sur la liberté d'être soi-même, loin des codes et des carcans (imposés par la société... ou par soi-même). Un lieu idyllique, 4 êtres réunis par le hasard, des personnages égoïstes/revêches/coincés qui s'épanouissent grâce à ce mois de vacances inespéré : le résultat est très beau, tout en délicate poésie.
Quant aux personnages masculins, s'ils n'interviennent que tard dans le récit, ils n'en sont pas ternes pour autant : ils paraissent tous plus attachants les uns que les autres et le croisement des différents points de vue donne du piment, une délicieuse touche d'humour à l'ensemble.
Voyage vers le sud et voyage vers la plénitude : voici un roman qu'on quitte à regret mais avec un grand sourire aux lèvres.
Egalement lu (et aimé) par Aline, Theoma, Karine, Allie, Alwenn et Keisha.
367 pages