Jean-Louis Fetjaine, "La trilogie des elfes"

L'intégrale : 920 pages (lues en 8 jours, tellement j'ai aimé).
Rose et Arieste avaient également adoré.

Il y a bien longtemps, avant même Merlin et le roi Arthur, le monde n'était qu'une sombre forêt peuplée d'elfes et de races étranges dont nous avons aujourd'hui perdu jusqu'au souvenir. Dans ces temps anciens, les elfes étaient un peuple puissant et redouté des hommes. Voici le récit de leurs dernières heures, depuis la rencontre du chevalier Uter et de Lliane, la reine des elfes. L'histoire d'une trahison et de la chute de tout un monde, d'un combat désespéré et d'un amour impossible.

Ces jours-ci, comme une envie folle de fantasy et de glisser à nouveau dans l'univers mi-médiéval mi-légendaire de Fetjaine. Après avoir lu, il y a un an et demie, les 3 volumes qui introduisaient les ouvrages dont je vais vous parler à présent, je suis partie rejoindre la sublime et brune Lliane à la peau bleutée, reine des Hauts-Elfes sous la forêt d'Eliande (qui deviendra bientôt "Brocéliande"), épouse du puissant et charismatique Llandon.

Un complot savamment préparé promet de faire éclater une nouvelle guerre sanglante entre les 4 peuples du monde créé par la déesse Dana : les elfes, les nains derrière leur vieux roi Baldwin, les monstres au service de Celui-qui-ne-peut-être-nommé et les hommes, rassemblés autour d'un Pellehun vieillissant mais toujours aussi noir, roi de Loth au cœur du pays de Logres.
Quand un monarque nain est assassiné, le Grand Conseil envoie une délégation pour essayer de comprendre ce qu'il s'est vraiment passé : parmi d'autres personnages, Lliane et Tsimmi le maître maçon nain vont chevaucher aux côtés d'un jeune chevalier promis à un grand avenir et aux charmes duquel la femme de Pellehun, la jeune Ygraine, n'est pas insensible : Uter le Brun. Au fil des combats, des dangers et des rencontres, Uter et Lliane finiront par se rapprocher... Un homme et une représentante du peuple elfe, que les hommes au dieu unique commencent à nommer les fées... ou les sorcières !

Pour moi, Lliane est un savant mélange entre Arwen avec son épée elfique, et la Guenièvre picte dans "Le Roi Arthur".

Cette première partie envoûtante se dévore d'une traite, tant les rebondissements se succèdent et tiennent le lecteur en haleine. J'ai aussi apprécié les touches d'humour apportées par Fréïhr, le barbare bourru un peu lent d'esprit, qui meut son immense carcasse comme il peut mais se révèle un compagnon fidèle et attendrissant. J'ai hâte de retrouver l'énigmatique Merlin, la mythique Excalibur et hâte que la petite Morgane vienne au monde...

L'elfe Lliane a quitté Uter pour mettre au monde sa fille dans la forêt de Brocéliande, auprès des siens. Mais Llandon, l'époux de la reine, n'est pas dupe : se laissant bientôt aller à sa colère, il va quitter la forêt pour semer la destruction parmi les hommes pour assouvir sa vengeance. La petite Morgane, elle, semble avoir d'étranges pouvoirs qui entraînent l'isolement de sa mère, prête à tout pour la protéger : Lliane et son enfant partent pour Avalon, hors du monde, sur l'île des pommiers de la connaissance.
Dans le même temps, Pellehun, accompagné de son sinistre et borgne sénéchal Gorlois, conduit la guerre contre les nains, une guerre sainte menée en l'honneur du dieu unique des mortels. A la mort du roi humain, Gorlois épouse sa jeune et belle veuve, la blonde Ygraine, avec qui il aura une fille : Morgause. Cependant, ce tome s'achève avec la mort de l'affreux Gorlois et la conception d'un garçon, cette fois : Arthur, né de l'union d'Ygraine avec le nouveau roi de Logres, Uter, devenu Pendragon (celui qui guide les armées) grâce aux pouvoirs de son ancienne amante, la lointaine Lliane. Uter, "l'aimé des deux reines", annoncé par l'antique prophétie...

Là encore, malgré un chapitre un peu longuet concernant un récit de tournoi, je n'ai pas vu filer les pages, appréciant particulièrement les passages en latin, en elfique et en ancien français. On apprend que "druide" signifie "savant par les arbres", on vit une soirée de Samain (Hallowe'en) mémorable et on rencontre un personnage incroyable : Léo de Grand, duc de Carmelide, le frère d'Ygraine. Quant au nain Bran, c'est lui qui concentre la force comique de ce volume.
De la naissance d'Arthur à l'apparition de Lancelot, en passant par le moment où Uter fiche Excalibur, le talisman des nains, dans la pierre de la Table Ronde, cette ultime partie raconte comment les derniers peuples libres de la Terre du Milieu (entre le monde souterrain et le monde divin des cieux) luttent de toutes leurs forces, avec l'énergie du désespoir, contre les forces de l'Innommable, qui se terre à Kab-Bag, la cité des gnomes. Uter et Lliane se retrouvent une dernière fois pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être...

Alors que le petit Arthur est placé sous la protection de Merlin, Ygraine, elle, est envoyée en Carmélide avec Morgause, pour échapper au massacre. J'ai d'ailleurs été agréablement surprise car la reine de Loth représente un personnage intéressant, tout en passions (pour Uter, pour ses enfants, pour l'Eglise) et qui évolue, qui s'étoffe vraiment au fil des années et des chapitres. Dans ce 3ème tome, elle vit, comme tous, ses heures les plus sombres.

Quel merveilleux souffle épique, porté par l'alliage plus que réussi entre les mythes de la légende arthurienne et les créatures merveilleuses que l'on connaît maintenant bien grâce à Tolkien ! Ce formidable voyage, auprès de personnages légendaires et d'autres moins célèbres mais tout aussi attachants, m'a conquise de bout en bout. Et j'ai comme l'impression que je vais me sentir un peu seule, sans eux, pendant quelques jours. Merci, Carine, de m'avoir recommandé cet auteur ! ^_^

Cette histoire est le récit de ces temps lointains et de ces peuples oubliés par l'Histoire.
Mais, bien sûr, ce sont les hommes qui ont écrit l'Histoire...