Daphné du Maurier, "Ma cousine Rachel"

Today is the day of Daphné du Maurier...

Tombée sous le charme de Rebecca l'an passé, j'avais hâte de rencontrer cette "cousine Rachel" (déjà croisée chez Soie). 
Nous voici cette fois au milieu du XIXe siècle, en plein drame ou thriller victorien. Du côté le plus sauvage des Cornouailles, Philip Ashley, un jeune homme né un 1er avril et vite devenu orphelin, a été élevé par son cousin plus âgé Ambroise, un riche propriétaire terrien célibataire, fin d'esprit et passionné d'horticulture. Pendant 20 ans, ce duo a vécu en toute harmonie entre les champs, les arbustes, les chevaux et les chiens. En guise de domestiques, de fidèles compagnons, à l'image de Seecombe le maître d'hôtel.
Un jour, pourtant, suite à une maladie, Ambroise part pour un climat plus chaud : à Florence (eh oui, encore ^_^), il s'est marié à une cousine, la belle et charismatique Rachel, veuve et éprise de jardinage elle aussi.
Quand Ambroise écrit à Philip qu'il soupçonne Rachel et son ami italien, Rainaldi, de vouloir l'empoisonner, le jeune homme part en Toscane et apprend la mort de son cher tuteur. Aussitôt, il jure de le venger... Comment réagira-t-il donc lorsque, quelques semaines plus tard, la cousine Rachel arrive en Angleterre, dans leur domaine du "pays de l'Ouest" ? Et quelles sont les motivations réelles de cette femme, deux fois veuve à 35 ans ?

Quelle plume ! Et quel génie ! Si on ne trouve pas une pluie de rebondissements dans ce roman, il m'a toutefois été difficile de le lâcher... Des rives de l'Arno aux falaises de Cornouailles, on se laisse mener par le bout du nez. La tension que Daphné du Maurier crée dans son texte, que ce soit à travers un cadre austère, des personnages entre ombre et lumière, ou une intrigue qui passe de la plus totale innocence au pire cauchemar, laissant toujours une part de suggestion, est extraordinaire ! Au fil des chapitres, et en particulier dès la moitié du récit, on se laisse capter par une noirceur toute maîtrisée, ce "suspense psychologique" dont parlent les critiques.
A noter, le chapitre consacré à la somptueuse fête de Noël organisée pour tous les gens du domaine et menée de main de maître par l'inaltérable Seecombe : l'immense sapin dans la grande salle, les guirlandes de houx, le repas à la bière, la distribution des cadeaux par le maître des lieux, il ne manque rien à ce délicieux moment rétro. Pour conclure : encore une fois, je suis conquise !
Yueyin parle aussi de ce livre aujourd'hui ; elle aussi est emballée. Cryssilda aimera également beaucoup, en 2016.
383 pages