Maryrose Wood, "Les Incorrigibles Enfants de la famille Ashton" (1)
Repéré sur plusieurs blogs (notamment chez Milly, Mya Rosa, Niki), cet ouvrage jeunesse comportait tout ce qu'il fallait pour me séduire ! Et ça a marché...
Angleterre, seconde moitié du XIXe siècle. Une gouvernante de 15 ans, miss Penelope Lumley, orpheline et formée à l'excellente école d'Agatha Swanburne, son mentor, arrive au domaine Ashton. Ses employeurs, les jeunes Lord Fredrick et Lady Constance, lui demandent de s'occuper de 3 enfants, trouvés dans leur immense forêt au cours d'une partie de chasse... Aussi bien, la fillette et les deux garçonnets qu'on lui présente ne sont pas des bambins comme les autres : sauvages, ne maîtrisant pas le langage humain, dépenaillés, ils courent après les écureuils, grognent, mordent et ajoutent des "aou" à la fin de chaque mot ; en fait, ils semblent tout bonnement avoir été élevés par des loups ! Mais ce n'est pas cela qui va rebuter notre courageuse miss Lumley (ni ça, ni la froideur ou le manque de tact des inconsistants époux Ashton). Défi relevé : la nanny a quelques semaines pour faire de ses protégés (baptisés Alexandre, Beowulf et Cassiopée) des créatures civilisées et aimables en prévision d'une grande réception donnée au manoir le jour de Noël !
"Surveillez vos manières, Alexandre ! Comme Agatha Swanburne le disait : "S'il était facile d'y résister, cela ne s'appellerait pas du gâteau au chocolat." Maintenant, regardez vers le haut tous les trois... et ne bougez pas."
J'ai évidemment adoré l'ambiance hivernale (Dickens et son illustre Christmas carol se trouvent d'ailleurs largement cités) :
L'arôme des pains au four et des viandes sur le grill se mêlait dans l'atmosphère à la senteur des cires et des huiles utilisées pour lustrer les boiseries ainsi qu'à l'odeur fraîche des couronnes et guirlandes de pin. Des rubans de velours rouge étaient noués en boucles tombantes autour des balustres de l'escalier central. Le plus impressionnant pour Penelope, c'était que chaque pièce avait son propre arbre de Noël, à l'exception de la salle de bal qui en avait deux. [...] Dans son cœur, elle sentait comme un fondant de douce mélancolie nichée à l'intérieur de couches de joie croquantes.
Le cadre est lui aussi envoûtant : la belle résidence de caractère, entourée de bois profonds et un peu inquiétants, s'apparente aux grandes maisons des romans historiques anglais.
Par ailleurs, il s'agit d'un texte original, plein de fraîcheur et d'humour, notamment grâce aux interventions de l'auteure dans le récit : il y a beaucoup de distance par rapport à ce que vivent les héros, un certain regard ironique et décalé porté sur les romans classiques, et l'écrivain établit des liens entre l'époque victorienne et le XXIe siècle de ses jeunes lecteurs.
Pour finir, il ne faut pas oublier le charme des personnages (joliment "croqués" dans les nombreuses illustrations) : les domestiques n'ont rien de figures secondaires ; Penelope, généreuse, positive, bonne pédagogue et persévérante, est vraiment sympathique ; de même que les 3 petites canailles pleines de surprises : tous 3 deviennent de plus en plus attachants et on cherche sincèrement à comprendre leur histoire... Mais suspense, mystère et interrogations ! On ne nous révèle presque rien à ce sujet dans ce premier tome : il faudra donc lire la suite ! "Grrrr", hum.
Bref, n'hésitez pas : vous vous régalerez sans doute aussi avec ce parfait "croisement" entre Jane Eyre, Mary Poppins, Les Orphelins Baudelaire et Le Petit chaperon rouge.
308 pages