Elizabeth Gaskell, "Nord et Sud"
(journée "auteurs victoriens" ; après Wilkie Collins et Brontë...)
Emballée par les avis de Romanza, Cryssilda et Lou (oui, je sais, ça date, mais je prends le temps de la réflexion ^_^), j'ai poursuivi mon exploration de l'oeuvre d'Elizabeth Gaskell (Cranford, Les confessions de Mr Harrison) avec ce grand classique de la littérature victorienne. Et j'ai beaucoup aimé !
Après avoir vécu quelque temps à Londres en compagnie de sa tante et de sa cousine qui va se marier, Margaret Hale, 19 ans, retourne chez elle, dans son Hampshire natal (région du sud de l'Angleterre), dans un petit hameau où son père est un simple pasteur. Elle redécouvre avec grand plaisir les beautés de la campagne, la gentillesse des habitants et le calme d'une vie loin des tourments. Jusqu'au jour où son père décide de partir, avec femme et fille, pour Milton, une cité ouvrière située dans le nord du pays. En ce milieu de XIXe siècle, les usines y ont fleuri, principalement des manufactures où l'on traite et travaille le coton, l'air y est empli de fumées et la ville évolue au rythme des changements de postes. Là-bas, Margaret va prendre conscience (parfois douloureusement) de l'existence que mènent les employés, de leurs difficultés, de leurs revendications. Car si la famille Hale côtoie plutôt les patrons (dont Mr Thornton, tombé sous le charme de miss Hale bien qu'il incarne tout ce que celle-ci déteste ~ l'industrie, le profit, l'ambition), la jeune femme se prend vite d'amitié pour une famille d'ouvriers...
Bon, commençons par le négatif : à l'instar de l'archi-pessimiste Bessy et de Fanny la chochotte, certains personnages m'ont ennuyée, et puis on a envie d'en secouer un ou deux pour qu'ils comprennent mieux la situation (car il y a, dans l'histoire, quelques embrouilles bien pensées). L'atmosphère n'est pas très gaie, il y a beaucoup de mélancolie, de chagrin, de disparitions.
Mais j'ai vraiment été séduite par la portée sociale du roman et par son héroïne pleine d'altruisme et de courage, qui n'hésite pas à défendre ses opinions ni même à se mettre en danger physiquement (lors de la grève, on pense forcément à Germinal) ; Mr Higgins m'a également bien plu, ainsi que le parrain de Margaret, le petit Mr Bell, un vieux professeur d'Oxford tout frétillant, qui n'a pas la langue dans sa poche.
Bref, un grand roman sans temps mort et surtout incroyablement moderne !
Hélène du blog Lecturissime l'a aussi chroniqué aujourd'hui.
673 pages