Susan Fletcher, "Les reflets d'argent"
Today, une autre auteure que j'apprécie énormément... (remember Un bûcher sous la neige, La fille de l'Irlandais)
"Qu'est-ce qui fait une bonne histoire ?
Il faut qu'il y ait du bonheur - des gens qui le trouvent. Il faut un paysage qui nourrisse l'esprit et soit si parlant qu'on ait l'impression d'y être. Peut-être un peu de tristesse. Et il faut un voyage, d'une façon ou d'une autre."
Il était une fois 3 ou 4 familles qui peuplaient l'île britannique de Parla, un bout de terre isolé et rugueux. Vivent là les jeunes Nan, Leah, Sam, Ronna, les un peu moins jeunes Ian, Hester, Nathan, Kitty, Maggie, enfin les plus âgés, Jim, Abigail, Tabitha, Emmeline...
C'est l'histoire de plusieurs histoires, de plusieurs générations ou presque puisqu'on nous révèle le passé, les rêves et les secrets de presque tous ces insulaires. La plus belle de toutes ces histoires se trouve dans un recueil de contes folkloriques : celle d'un Homme-Poisson, échoué sur la plage par une nuit de grande marée, un être fantastique mi-humain mi-aquatique, avec une queue en reflets d'argent qu'il enlève et cache pour vivre un temps parmi les habitants, le temps de leur redonner espoir. Un espoir qui s'est envolé le jour où Tom, le jeune frère de Ian, Nathan et Hester, a disparu en mer 4 ans plus tôt. Depuis 4 ans, la vie n'est plus la même à Parla et Maggie, sa veuve, ne s'en est pas remise... Mais peut-être que cet énigmatique et fascinant Homme-Poisson...
"Il y a plus en ce monde que l'existence que nous vivons."
L'atmopshère de ce récit m'a charmée : légendes, tempêtes et troupeaux de moutons. Le bruit de la mer contre les rochers, la lumière du phare, l'aller-retour quotidien du ferry, le salon de thé et les gâteaux de Ronna, les remèdes de Tabitha, les colères d'Emmeline, le piano de Lorcan le prêtre, les bâteaux de pêcheurs et les casiers à homards, le cri des mouettes et l'odeur des algues ; plus tard, les vaches, une ferme, des rebords de fenêtres assez larges pour y disposer des coussins et y lire les soirs d'hiver... Un enchantement. Les personnages sont fouillés, chaque chapitre leur apporte une couleur supplémentaire. Quant à la narration, on dirait qu'elle a épousé le rythme des vagues : elle va, elle vient, s'enroule sur elle-même, s'emmêle presque, avec des retours en arrière, pas mal de répétitions aussi, presque une psalmodie parfois. Bref, un livre sur le deuil, le recommencement, l'espoir et le pardon, porté par un souffle de magie sauvage à la Peter May. Merci pour le prêt, Choco-Mum ! ^_^ Le billet d'Enna ici. Et Cryssilda a rencontré Susan Fletcher il y a 3 ans, la chanceuse ! :-)
450 pages