Natalia Sanmartin Fenollera, "L'Eveil de Mademoiselle Prim"
A notre Ă©poque, mademoiselle Prudence Prim, la petite trentaine, Ă©rudite aux idĂ©es claires et dotĂ©e dâun goĂ»t prononcĂ© pour la vie dâantan, rĂ©pond Ă une petite annonce provenant du village fictif de Saint-IrĂ©nĂ©e dâArnois : un homme cĂ©libataire dâune dizaine dâannĂ©es de plus quâelle cherche une bibliothĂ©caire pour remettre en ordre les quantitĂ©s astronomiques de livres qui remplissent sa grande maison. Dans cette bĂątisse, « lâhomme du fauteuil » Ă©duque ses 4 neveux ainsi que dâautres enfants du village ; il leur dispense une instruction humaniste passant par le latin, le grec, la poĂ©sie et la religion. En effet, Ă Saint-IrĂ©nĂ©e, sâest dĂ©veloppĂ©e une communautĂ© qui en avait assez de la vie moderne et de ses Ă©cueils : des gens venus de tous horizons y fabriquent et vendent leurs propres produits de consommation, les vĂȘtements sont confectionnĂ©s sur place ; il y a une gazette, une librairie-papeterie-poste, un salon de thĂ© et une Ă©cole oĂč les programmes font la part belle Ă ce qui est simple et fondamental ; enfin, les deux activitĂ©s en poupe dans le coin sont lâĂ©tude et la lecture. Bref, Mlle Prim dĂ©barque dans une colonie dâutopistes oĂč la vie est bien douce et oĂč le temps semble sâĂȘtre arrĂȘté⊠Les amitiĂ©s sont vraies, les petits canapĂ©s au roast-beef succulents et son employeur ne va pas tarder Ă lâenvoĂ»ter.
Jâai bien sĂ»r Ă©tĂ© sensible Ă la place de la littĂ©rature (on y dĂ©bat de Virgile, dâHomĂšre, de Jane Austen, dâElisabeth Gaskell et Dickens aussi bien que des Quatre filles du Docteur March), et aux idĂ©es prĂŽnant un retour Ă ce qui est vrai : on se sent dĂ©cidĂ©ment bien dans cette sociĂ©tĂ© miniature dâune autre Ă©poque ! On y passe un automne douillet suivi dâun hiver non moins agrĂ©able au coin du feu (le chapitre sur NoĂ«l est superbe).
La bibliothĂ©caire, les bras barbouillĂ©s de farine jusquâaux coudes et les joues rougies par lâeffort, contempla avec satisfaction la vieille et belle cuisine, dĂ©crĂ©pite comme toutes les choses dans ce foyer. Cette cuisine lui suggĂ©rait une enfance parfaite. Une enfance qui sentait le pain Ă peine sorti du four, les beignets, le gĂąteau au chocolat, les galettes et les gimblettes.
Vous voyez un peu le genre ? ^_^
LâatmosphĂšre estivale italienne de la derniĂšre partie mâa Ă©galement bien plu. En revanche, tout un pan du livre, entre la moitiĂ© de lâhistoire et lâĂ©pisode italien, mâa ennuyĂ©e : le jeu de devinettes amoureuses et la place trop grande de la foi ne mâont pas franchement emballĂ©e. NĂ©anmoins, je garderai le souvenir dâune jolie fable venue dâEspagne et dâune lecture apaisante, dĂ©nichĂ©e sur le blog Un autre endroit. Milly a Ă©galement commentĂ© ce livre.
345 pages