Maria Borrély, "Les Reculas"
Première neige hier, 9 novembre, pour le 1er mois de notre neveu tout neuf ! 5 centimètres sont tombés (et ont tenu quelques heures) dans la petite ville où je travaille. Par contre, au chalet, ça a bien vite fondu… Alors, en ce lendemain de flocons et en ce début de Challenge Christmas Time (merci, MyaRosa ^_^), voici une histoire de terroir toute hivernale, publiée en 1936 par une grande auteure et résistante de notre région, disponible dans cette collection très agréable : "éd. parole ~ main de femme".
Inspirée par son premier poste d’institutrice dans un minuscule hameau situé à 1600 mètres d’altitude (on a ici le pendant d’Emilie Carles, mais pour les Alpes du Sud), Maria Borrély (qui se cite en un clin d’œil comme un personnage très secondaire) invente la vie du lieu-dit « Les Reculas », abritant 5 familles d’éleveurs et d’agriculteurs.
Béatrix, en effet, va passer les 6 mois d’hiver auprès de sa sœur aînée, Marcelle, mariée à Gatien. Marcelle, qui attend son premier enfant, et Gatien, un fort gaillard des montagnes, habitent avec les parents de Gatien, Gatienne et Fabrice, comme c’était la coutume en ce temps-là . Béatrix arrive aux Reculas avant les premières neiges ; abasourdie par le torrent L’Enragée qui coule juste à côté de la maison en pierres, elle assiste ensuite aux premières tempêtes, aux gels effroyables, aux veillées ; elle connaît les semaines entières sans voir le soleil, caché par les flocons ou bien derrière les sommets. Le seul lien avec le monde extérieur est alors le facteur, du moins quand il peut passer à pied et qu’il peut apporter à Béatrix une lettre de Gabin, son amoureux.
Dès le seuil, le froid les cramponne aux joues comme un lynx. La nuit craquante d’étoiles. Il semble qu’on respire des lames de rasoir. Lèvres serrées, les hommes ne prennent par le nez que de petites pincées d’air, les narines égratignées par le buisson du froid.
Une histoire simple qui raconte le temps passé, les superstitions, les craintes, la dureté du quotidien, dans une écriture infiniment poétique… J’ai beaucoup, beaucoup aimé comme vous pouvez vous en douter. Merci, Nicole. ^_^
Aux Reculas, où l’hiver ne finit pas, il n’y a que ça, le chaud dedans des maisons et l’amitié du monde bonne comme une toison de brebis.
213 pages