Frédérique Deghelt, "La grand-mère de Jade"
Nous sommes en 2008. Jeanne, 80 ans, alias Mamoune, doit entrer dans un établissement spécialisé suite à un malaise. Fille de sage-femme, ancienne nourrice elle-même et veuve depuis 3 ans, elle vit désormais seule dans ses montagnes savoyardes et ses aînées craignent pour sa santé. Son fils installé en Polynésie demande en revanche à sa propre fille, Jade, journaliste de 30 ans fraîchement célibataire et habitant Paris, d’aller chercher sa grand-mère avant qu’elle ne quitte sa maison, sinon elle va dépérir. C’est ce que fait Jade : elle « kidnappe » celle qui l’a vu grandir et l’emmène chez elle dans la capitale. L’aventure commence pour Jeanne qui est ravie de l’expérience, s’acclimate drôlement bien et révèle son grand secret à cette petite-fille qui aimerait publier un premier roman : toute sa vie de mère et d’épouse, Mamoune a été une lectrice compulsive mais en cachette car, à son époque et dans sa région, les livres étaient seulement bons pour les riches, les oisifs… Que de belles phrases autour de la littérature !
L’école de Jules Ferry m’avait appris à lire, celle de la lecture allait m’apprendre à vivre.
Sur les étagères des nuages, installée contre le tapis d’herbe volant ou le dos calé contre un rocher dans la forêt, je mélangeais les parfums des alpages à ceux de mes lectures.
Et ces deux femmes, séparées par 50 années et 2 générations, ne sont pas au bout de leurs surprises : des confessions, des souvenirs, des incompréhensions parfois, des histoires d’amour imprévues aussi, et même un séjour sur la Côte d’Azur, à La Croix-Valmer.
Des surprises, il y en a également pour le lecteur, qui se laissera surprendre par un épilogue inattendu mais si bien trouvé. Au début, j’ai eu un petit peu de mal avec le fait que les actes de lire et d’écrire, bref le monde des mots, tout ça soit un peu trop « intellectualisé », trop « décortiqué ». Et puis finalement, on adhère, on se laisse envelopper par le doux équilibre que se recréent Jade et son aïeule. Je conserverai donc le souvenir d’un vrai beau roman, parfait pour qui apprécie la littérature et ne craint pas de verser quelques larmes… Merci, Vir ! ^_^
282 pages
Et aussi... (merci, Chantal ! ^_^)
"Je suis né en morceaux, mais la musique répare."