Ella Maillart, "Des Monts Célestes aux Sables Rouges"
Partir, c'est revivre. Tout recommence, je ne sais pas ce que je vais traverser. Le soleil se lève, rouge comme il s'est couché hier. L'air étincelle de givre en suspension et j'avance dans une réalité plus belle qu'une féérie.
Entre juillet et fin novembre 1932, alors qu'elle a 29 ans, Ella Maillart, journaliste, photographe et exploratrice suisse sans attaches et au caractère bien trempé, espère quitter Moscou, où elle séjourne, pour réaliser un grand voyage au coeur de l'Asie centrale. Kirghizistan, frontière chinoise, Turkestan, Ouzbekistan (Samarkande en particulier), elle veut à la fois se dépasser (c'est une excellente alpiniste, membre de l'équipe nationale de ski suisse), enquêter sur les conditions de vie dans ces contrées reculées, en particulier sur le quotidien des femmes, et sur le destin de ceux qui se sont vus déporter par le régime russe. Sportive, sociale et politique, supervisée par le bureau touristique communiste de l'époque, cette expédition a pourtant failli ne pas voir le jour.
Finalement, presque du jour au lendemain, elle trouve 2 couples qui veulent bien l'emmener avec eux. A dos de cheval, de chameau, à pied, à skis (c'est d'ailleurs avec une paire totalement bricolée qu'elle fait l'ascension d'un sommet de près de 5000m, un parmi plusieurs autres lors de ce périple) : elle nous fait partager là ses mois d'un voyage aussi spectaculaire qu'éprouvant, émaillé de dizaines de rencontres.
Dans la cour, sous un auvent, le four ovale en terre fume légèrement ; à l'intérieur de sa gueule noircie, on voit se dorer les lipiochkas. Un dicton ouzbek prétend que "bénis soient les visiteurs qui arrivent au moment de la cuisson".
Coutumes, croyances, rites, gastronomie, relations familiales, religion, architecture, histoire, lutte contre le sable dans le désert, contre le froid mordant sur les glaciers, risque de ne plus pouvoir reprendre le bateau avant que la Mer d'Aral ne gèle : on tient entre les mains le récit d'un passionnant parcours qui tient du reportage ethnographique.
Bon, les pages carrément axées politique m'ont moins intéressée (j'en ai passé plusieurs) et Ella donne parfois des renseignements qui semblent couler de source pour elle mais qui ne sont pas clairs du tout pour le lecteur (au début, surtout). A part ça, j'ai beaucoup apprécié la lecture de cette belle aventure humaine. J'ai aimé repousser les limites, dormir sous la yourte et admirer les sourires de femmes dignes et belles. Ella Maillart est décédée en 1997, à l'âge de 94 ans. Merci, Choco-Mum, pour le prêt ! ^_^
356 pages
Autres suggestions : les écrits d'Alexandra David-Néel, le roman Au Royaume des Femmes (Irène Frain), le film "Tengri, le bleu du ciel" de Marie-Jaoul de Poncheville (2008).
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