Ian McEwan, "Expiation"
Cela faisait bien longtemps que je souhaitais découvrir les oeuvres de McEwan. Après en avoir vu passer un certain nombre sur les blogs, j'ai été très agréablement surprise lorsque Cryssilda a joint ce titre à une commande que je lui ai passée à la fin de l'été dernier. Merci pour cet envoi-bonus (je lirai Shore bientôt ^_^) !
"Je t'attendrai. Reviens."
Le récit débute en 1935, dans le Surrey, en plein été, et on nous raconte, à travers une multitude de points de vue, les 2 jours qui vont changer à jamais la vie de tous les protagonistes. Dans la famille Tallis, le père haut fonctionnaire est un illustre absent, la mère accepte d'être délaissée et souffre de migraines qui l'obligent bien souvent à se tenir à l'écart du quotidien ; il y a aussi le frère aîné, Léon, étudiant qui va rentrer à la maison avec un ami à lui ; la soeur aînée Cecilia a 23 ans ; quant à la plus jeune, Briony, 13 ans, qui commence une carrière d'écrivain, elle brûle de consigner chaque événement vécu dans un futur livre...
C'est cette fibre romanesque et ce goût du dramatique qui la poussent à accuser Robbie d'avoir commis un acte atroce. Robbie, le jardinier de la famille, jeune homme intelligent qui s'apprête à se lancer dans une formation médicale après avoir obtenu son diplôme de littérature ; Robbie qui est amoureux de la belle Cecilia et qui voit son amour payé de retour. Naïve ou instrument d'une sinistre mascarade, Briony portera toute sa vie en elle une profonde culpabilité. Et lorsque les routes des protagonistes se recroiseront, en 1940, en pleine tourmente, que restera-t-il du profond amour qui unissait les deux soeurs, devenues infirmières ? Que restera-t-il de ressentiment ? Y aura-t-il une possibilité de pardon ?
Bon. Disons-le clairement, certains chapitres m'ont ennuyée, surtout en milieu de roman ; le début manque également de rythme, même si j'ai bien compris la nécessité de poser précisément le cadre de la tragédie à venir. Et puis je n'ai pu m'attacher à aucun personnage, tous m'ont paru froids et désincarnés. Plus que le drame en lui-même (drame familial et drame de la guerre : les passages affreusement réalistes consacrés à la fuite vers Dunkerque ou à la vie dans les hôpitaux sont terribles), c'est la réflexion sur la création littéraire, ou plutôt sur la re-création, qui m'a plu : la forme de l'ouvrage est très particulière, surtout avec le dernier chapitre qui apporte un tout nouvel éclairage sur les 450 premières pages. Qu'est-ce qui inspire un romancier ? A-t-il le droit de tout dire ? Doit-il se limiter à la stricte observation ? Quels sont les pouvoirs de la fiction ? Enfin, d'un point de vue moral : quel est le prix à payer quand on a commis une faute impardonnable ?
486 pages