🤶🔪 Découvertes hivernales #1 : thrillers (crimes sous les flocons)
Il y a quelques semaines, je vous avais promis pour cet hiver des chroniques "lecture et écran" regroupées, plutôt que plusieurs articles indépendants. Voici donc le premier florilège givré que je vous propose (et attention, on est biiiien loin des tasses de thé et des guirlandes de mes derniers billets ;-p).
Depuis début novembre, j'ai en effet eu l'occasion de lire pas mal d'histoires à suspense, des thrillers aussi froids qu'efficaces (enfin, pour la plupart), peuplés de personnages rugueux et bourrus. En voici 5 rassemblés ici, du plus-au-sud vers le grand nord. En bonus, tout en bas : le film "Le crime de l'Orient-Express" (2017), quand le tout-Hollywood s'offre une petite balade en train hivernale...
💕 Bernard Minier, Glacé (2011)
(Une fois n'est pas coutume, j'ai inséré la couverture japonaise que je trouve très belle, avec son barrage enneigé.)
Dans l'esprit et l'ambiance des "Rivières pourpres" (je n'ai vu que le film avec Jean Réno et Vincent Cassel, que j'avais adoré), nous voici en 2008 dans les Pyrénées, à Saint-Martin-de-Comminges, où la neige recouvre les habitations de cette petite ville fictive. Plus haut dans la montagne, à 2000 mètres d'altitude, un cheval magnifique, la bête préférée d'Eric Lombard, milliardaire des médias et des produits pharmaceutiques, est retrouvée par l'équipe chargée d'entretenir une vieille centrale hydro-électrique. Ou plutôt, son cadavre. Car les hommes se retrouvent face à l'animal, dépecé et décapité, suspendu aux câbles-pivots du téléphérique ! Le commandant Martin Servaz, 40 ans, divorcé, électron libre de la PJ de Toulouse, est envoyé sur place, assister la gendarme du cru, Irène Ziegler, dans son enquête. Enquête qui prendra vite un autre tournant lorsque, peu de temps après, le pharmacien de Sain-Martin est retrouvé assassiné, pendu à un pont de la commune, dans une autre mise en scène macabre. Ajoutez à cela que la vallée abrite un institut psychiatrique rassemblant 88 psychopathes et tueurs en série venus de toute l'Europe... Enfin, voilà, quoi.
(Au centre, mini-série adaptée du roman, avec Charles Berling dans le rôle de Servaz.)
Quel cadre rêvé pour un thriller brillant ! Entre le thème de la folie et celui de la montagne, je me suis régalée. Sur fond d'hiver, de journées sombres et de pluies verglaçantes, j'ai beaucoup aimé suivre le déroulé de ce récit sous tension emprunté à la médiathèque. Embrouillé juste ce qu'il faut : des fausses pistes, des fausses routes, quelques faux amis. Passionnant. Un auteur que je relirai avec plaisir.
553 pages
Niko Tackian, Avalanche Hôtel (2019)
Né en 1973, le français Niko Tackian est co-scénariste, aux côtés de Franck Thilliez, de la série policière (et montagnarde) "Alex Hugo" (avec Samuel Le Bihan - un feuilleton que j'ai déjà eu l'occasion d'apprécier).
(Samuel Le Bihan et Lionnel Astier)
Oscillant entre Shining (et l'Overlook Hotel), l'épisode "Les travaux d'Hercule" (Poirot, saison 13) et "The Grand Budapest Hotel", ce thriller enneigé sorti cette année nous emmène sur les pistes glacées des Alpes suisses, en plein mois de janvier et même en pleine tempête. Janvier 1980 : Joshua Auberson est agent de sécurité à l'Avalanche Hôtel, un sublime palace dans lequel une jeune fille fortunée vient de s'évaporer dans la nature. Joshua sent que quelque chose d'autre cloche, et pour cause : quelque temps plus tard, il se réveille dans un lit d'hôpital, en janvier 2018 ! L'hôtel tombe en ruines, Joshua est policier, ça fait presque 40 ans que le mystère entourant la disparition de Catherine Alexander demeure mais une inconnue d'une trentaine d'années vient d'être retrouvée dans la montagne, frigorifiée : elle est dans le coma.
Passionnante course contre la montre, contre la neige et contre l'oubli, ce roman policier pas banal m'a d'abord bluffée avant de finir sur une note finalement plus classique, plus attendue. Les paysages d'altitude, le lac Léman, la ville de Montreux, bref les décors m'ont beaucoup plu, et tout ce qui a trait au fonctionnement du cerveau, de la mémoire m'a paru fascinant. Enfin, les petits clins d'oeil à Stephen King m'ont fait sourire. Emprunté à la médiathèque également.
263 pages
Ken Follett, Peur blanche (2004)
Deux jours avant Noël, en Ecosse, à proximité de la ville d'Inverburn, un grand laboratoire privé spécialisé dans la conception de médicaments antiviraux est la cible des médias : en effet, un employé a fait sortir en cachette du labo un lapin infecté d'un virus mortel et est lui-même mort, contaminé par cette variante d'Ebola. Une arme biologique effroyable. Antonia, dite Toni, Gallo, la trentaine, célibataire, ancienne flic et responsable de la sécurité d'Oxenford Medical est sur les nerfs ; elle doit gérer la crise, tout en gérant son désir grandissant pour son patron, un scientifique riche et veuf dont le fils, Kit, semble incontrôlable, criblé de dettes et a des fréquentations pour le moins dangereuses.
Cambriolage à main armée, biorisque maximum, tempête de neige, prise d'otages, crise familiale : de bons ingrédients pour ce thriller correct mais un brin longuet et qui ne me laissera pas un souvenir inoubliable.
442 pages
Denis Lépée, "Les Engloutis" (2018)
Nous voici au coeur du golfe de Finlande, dans les eaux glacées de la Mer Baltique, à proximité du territoire russe. C'est le début du printemps mais, vu la couverture et les températures frisquettes évoquées, ça colle avec l'hiver chez nous ! ;-p Le plongeur-archéologue Tommaso Mac Donnell à le tempérament sanguin de ses origines : mi-italiennes, mi-écossaises. Se remettant difficilement d'un double deuil, il débarque sur place à la demande de Mika, un ami qu'il n'a pas revu depuis 30 ans. Mika est devenu maire d'une petite ville côtière finlandaise, Kotka (Ness... ^_^), et demande à Tommaso de venir faire les relevés et les vérifications nécessaires à l'installation d'un parc éolien offshore. Le nouvel arrivant, plus à l'aise sous l'eau que sur la terre ferme, loge dans une maison ancienne qui appartient à la municipalité, et y trouve un jour le journal d'un Russe amateur d'échecs qui a apparemment habité là en 1918 : ayant attendu en vain l'arrivée par cargo d'un "trésor" convoyé par sa fiancée, un trésor censé sauver la maison impériale, le jeune homme n'a pu que retrouver les débris du navire, apparemment englouti par la Baltique dans des circonstances mystérieuses... Intrigué et captivé par cette histoire de possible trésor à retrouver, Tommaso part à la recherche de l'épave, tout en travaillant pour Mika et en échappant aux menaces qui pèsent sur la mission.
L'idée de départ ainsi que le cadre me plaisaient beaucoup, une sorte de Cimetière des bateaux sans nom scandinave ! Malheureusement, j'ai été plutôt déçue par ma lecture : des maladresses dans l'orthographe, trop de facilité dans les fins de chapitres, un personnage principal qui ne m'a pas vraiment plu. Cet ouvrage ferait sans doute un bon téléfilm mais je n'ai pas été emballée plus que ça au final.
391 pages (survolées pour la seconde moitié)
Ragnar Jonasson, "Mörk" (2014)
("Mörk", en islandais, signifie "objectifs") Dans une petite ville du nord de l'Islande anciennement connue pour ses incroyables pêches au hareng et nichée à l'ombre de gigantesques montagnes, le jeune inspecteur Ari Thor a un nouveau patron, Herjolfur. Ils sont deux pour faire régner l'ordre dans le coin mais ils ne se connaissent pas très bien... Ari Thor se relève tout juste d'une grippe carabinée, a un petit garçon de 10 mois qui se lève trèèès tôt le matin et sa femme Kristin, médecin, lui paraît bien distante en ce moment ; il n'a donc pas fait trop d'efforts pour lier connaissance avec son chef. Et puis l'ordre n'est pas très difficile à maintenir car il y a quasiment zéro délinquance en Islande ! Aussi, lorsqu'un soir Herjolfur se fait tirer dessus en approchant d'une maison abandonnée dans les bois à la périphérie de la bourgade, le pays tout entier se trouve-t-il en émoi : jamais un policier ne s'était fait agresser par balle sur l'île ; encore moins un policier en service ! L'ancien supérieur d'Ari Thor revient de la grande ville pour assister le héros dans l'enquête, une enquête tortueuse, hérissée de fausses pistes (noires).
L'ambiance, froide, insulaire et scandinave, de ce polar m'a bien plu. Le scénario, lui, à part la révélation finale, suit pour le reste un schéma assez classique. A lire pour le côté nordique.
Merci, Choco-Mum, pour la primeur ! ^_^
274 pages
💕 Le film "Le crime de l'Orient-Express" (2017)
de et avec Kenneth Branagh, et aussi Johnny Depp, Michelle Pfeiffer,
Judi Dench, Daisy Ridley, Penelope Cruz, Willem Dafoe...
Une leçon de cinéma, tout simplement...
Et pourtant, j'en ai vu des épisodes et des adaptations des enquêtes d'Hercule Poirot !
Mais là, Kenneth Branagh s'approprie le personnage pour nous en offrir une incarnation à la fois ébouriffante (mais pas question de décoiffer la moustache, rassurez-vous ^_^), ambitieuse et diablement plus profonde : imaginez la rencontre d'Agatha Christie et de William Shakespeare !
On connaît tous plus ou moins le pitch du roman : un train bloqué par la neige, une bonne douzaine de personnages sans lien apparent les uns avec les autres, un escroc menacé de mort, un crime nocturne. Les acteurs sont tous incroyablement bons (pas étonnant avec une telle pléiade de stars) et les décors enneigés absolument grandioses.
Quant au symbolisme et aux choix esthétiques de plans ou de positions de la caméra, chapeau bas (il y a même quelques plans-séquences d'anthologie) : avec Totoro, on s'est régalés vendredi soir. Un excellent "whodunit" à ne surtout pas manquer ; du grand art, tout en finesse et en élégance.