💖 Jean Failler, "Boucaille sur Douarnenez"
En prolongement du mois British Mysteries de Lou & Hilde, voici une enquête sans prétention, dépaysante et fort sympathique, parue au milieu des années 90 (la 6e d'une série bretonne éditée en Bretagne ^_^) : on n'est plus au Royaume-Uni mais on reste en pays celte... Et c'est un coup de coeur inattendu ! Si vous aimez l'air saturé d'embruns, l'odeur de la marée qui monte, les ruelles médiévales des cités du Finistère et les enquêtrices qui n'ont pas froid aux yeux, cette série et cette histoire sont faites pour vous.
Février 1995, peu avant Mardi-Gras, à Douarnenez (et à Douarnenez, le carnaval et ses 4 jours entiers de libations sont une véritable institution !). Mary Lester, jeune inspectrice de 26 ans, envoyée par la police centrale de Quimper, arrive en ville pour soutenir les agents locaux et élucider la mort de 4 personnes âgées, toutes protestantes, toutes décédées la même nuit, dans la même chambre d'une pension de famille sans histoires. Mary, elle, loge à l'Hôtel du Port et j'ai eu plaisir à la suivre dans ses pérégrinations. Voici d'ailleurs un extrait gourmand et très cosy, pour que vous puissiez apprécier l'ambiance :
- Vous avez mangé au moins ?
- Non, mais si vous pouvez me faire un sandwich...
La bonne femme se récria : un sandwich ! Est-ce qu'on tenait debout avec un sandwich ? Ah, c'était bien les jeunes, ça ! Un sandwich !
- Venez par ici.
Mary pénétra dans une petite salle à manger meublée de Henri III ciré et luisant. Le mari de madame Mével, la patronne, tenait le bout de la table. Les deux autres convives étaient les uniques pensionnaires de l'hôtel.
- Vous aimez la soupe de poisson ?
- Bien sûr.
- Monsieur Martin a pêché des aiguillettes, ce matin. Il n'y a rien de tel que les aiguillettes pour faire la soupe de poisson.
En effet, elle était délicieuse. Mary félicita madame Mével, qui apprécia le compliment avec une mine faussement modeste.
- Ensuite, il y a de la blanquette, dit-elle.
Mary se trouva gratifiée d'une nouvelle assiette pleine de riz et de tronçons de veau nappés d'une sauce ontueuse.
- C'est beaucoup trop !
- Ta ta ta ! dit madame Mével avec autorité. Il faut manger, ma fille.
Comme la soupe de poisson, la blanquette était un véritable régal.
- Ah, vous voyez... Après, il y a du kouign-amann...
Le kouing-amann était ce gâteau au beurre caramélisé, une spécialité locale, qui n'était bon, affirmait madame Mével avec une belle conviction, qu'à Douarnenez.
- C'est pas mieux qu'un sandwich, ça ? demanda madame Mével, triomphante.
Dire que cet imbécile de Le Meunier voulait m'expédier dans un hôtel moderne, se dit Mary en montant l'escalier après ce souper mémorable.
Le ton est juste, vif. Les personnages, attachants, se trouvent croqués avec tendresse. Je me suis vraiment régalée. Merci, Choco-Mum, pour le prêt ! Et clin d'oeil à Choco-Bro pour le cadre breton. ^_^
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