Emile Zola, "Thérèse Raquin"
Depuis quelques années déjà, j'ai délaissé mon projet de lire/relire tous les volumes des Rougon-Macquart dans leur ordre de parution : je me suis arrêtée à Germinal, lu fin 2016, soit 13/20 romans au total. Thérèse Raquin, que je n'avais encore jamais lu et qui a été publié avant même La Fortune des Rougon, m'a fait renouer avec l'auteur, la semaine dernière. Et qu'il est facile de suivre Zola à travers sa prose ! Que ses phrases, toutes pesées et ciselées qu'elles soient, se lisent agréablement, avec fluidité ; je me suis laissée emporter.
L'histoire est celle de Thérèse, mariée sans sentiment à son cousin Camille, un homme faible, flasque, maladif, surprotégé par sa mère, la vieille madame Raquin, mercière normande sur le point de s'installer à Paris. Dans leur "nouvelle" boutique, située dans un des passages humides et tristes du Pont-Neuf (voir la formule magistrale "un de ces trous où la nuit habite pendant le jour"), Thérèse, Camille et sa mère reçoivent peu. Un jour, cependant, Camille ramène à la maison Laurent, un jeune homme venu de leur région natale. Thérèse et Laurent succombent vite à l'adultère et vont jusqu'à imaginer le pire pour vivre librement ce qu'ils croient être de l'amour...
Avant "Avengers", Elizabeth Olsen a incarné Thérèse Raquin au cinéma en 2014 (pas vu, et vous ?).
Le lien est tout trouvé avec le Challenge Halloween car c'est, jusqu'à présent, le récit le plus sombre que j'aie lu de Zola ! Il est en effet question d'un meurtre, un terrible crime passionnel et ses non moins terribles conséquences. Il suffit de lire les pages décrivant les épouvantables cauchemars de Laurent, ses stigmates au cou, les hallucinations des amants, les visites spectrales du mari, le portrait de la victime qui prend vie ou encore la vitrine de la Morgue parisienne et la présence d'un personnage emmuré dans sa prison de chair pour se croire dans le plus sinistre des récits d'épouvante (la répétition lancinante de ce mot a d'ailleurs fini par un peu me gêner). Il s'agit d'un texte d'une grande violence et d'une grande beauté à la fois.
209 pages