Minette Walters, "Les dernières heures"

Le thème anglais du jour est : avant 1837 (accession au trône de la Reine Victoria).
Me voici donc avec ce roman historique :

1348, Dorsetshire, bourg fortifié de Develish. Lady Anne, 29 ans, est mariée à Sir Richard, un homme violent, égocentrique et qui ne sait réfréner ses appétits. Accompagné de son escorte quasi-exclusivement normande (française) à l'exception de l'expérimenté Gyles, Sir Richard part bientôt chez un seigneur presque voisin afin de conclure un mariage en faveur de sa fille unique, Eleanor, détestable copie conforme de son cher papa. Lady Anne se voit alors confier la responsabilité du manoir, des terrains alentour, d'un prêtre plus souvent ivre que sobre et d'environ 200 serfs auxquels elle est profondément attachée. Cet attachement est d'ailleurs réciproque car Anne est une femme juste, bienveillante, érudite, intelligente et perspicace, bref tout l'inverse de son époux.
En l'absence de Sir Richard, une épidémie s'abat sur toute la région : comment cette "pestilence" est-elle arrivée dans le Dorsetshire et de quelle manière se propage-t-elle ? La Mort Noire, qui noircit le sang et couvre le corps de pustules repoussantes prêtes à éclater, tue ses infortunées victimes en 3 jours ! Epaulée par le jeune Thaddeus, fils d'une catin, beau-fils d'un bon-à-rien, mais régisseur efficace et plein de bon sens, Anne prend les choses et main et la décision d'accueillir toute la communauté à l'intérieur des fortifications, voire même dans le manoir : le pont des douves est détruit et tous ceux qui souhaiteraient entrer devront d'abord s'isoler 15 jours dans le village des serfs à présent déserté. La maîtresse des lieux a tout prévu, y compris une bonne réserve de nourriture et de simples pour soigner, des cours pour apprendre à lire et à écrire aux paysans, des séances d'entraînement au maniement des armes, la mise en place de latrines assez grandes ainsi que, de l'autre côté de la muraille, les denrées et le matériel nécessaires à Sir Richard et à ses hommes qui ne devraient plus tarder...
Notre héroïne saura-t-elle assumer son rôle et ses choix coûte que coûte ? Et où est Dieu lorsque la Mort rôde partout à l'extérieur ? Comment gérer, à l'intérieur, la terreur face à une maladie mortelle inconnue, les jalousies et les vengeances parmi ses gens ? Sur qui pourra-t-elle compter lorsque des assaillants se présenteront immanquablement ? Pas sur sa fille de 14 ans qui la déteste et est une vraie tête à claques (mais on comprend pourquoi à la fin)...

Avec Lady Anne, on a un beau personnage de femme forte, droite, déterminée, altruiste et sensée : très bon point. Autres aspects positifs : le style soigné et la reconstitution historique. Le contexte angoissant de la maladie, lui, m'a d'abord captivée ; puis le thème s'éloigne peu à peu à partir de la moitié du roman, et alors mon intérêt s'est un peu émoussé en raison de longueurs ; l'intrigue n'avançait plus suffisamment vite à mon goût, dommage. Je viens d'apprendre que la suite est parue mais je ne pense malheureusement pas retourner à Develish car je n'ai pas été convaincue jusqu'au bout...
528 pages

En juin, c'est le Mois Anglais chez Lou, Cryssilda et Titine (billet 2021 n°3).
Fêtons toute l'année les 10 ans du Mois Anglais avec Lou, Cryssilda et Titine ! (billet n°6)