Il paraît que Paris sera toujours Paris...
Premier volet d'un diptyque parisien rassemblant mes dernières choco-découvertes :
ici, des vies de femmes inspirées et inspirantes.
💝 Agnès Maupré, d'après Zola, Au Bonheur des Dames (2020)
Entre 1864 et 1869, le devenir d'un magasin de nouveautés dirigé par l'ambitieux et séduisant Octave Mouret, prêt à tout pour faire fortune, y compris à utiliser les plus bas instincts féminins à savoir... la fièvre acheteuse, le goût de la nouveauté et du beau.
Il sait qu'elles ne peuvent pas résister ; toutes ! Toutes ? Non, car la jeune et rigoureuse Denise Baudu résiste encore et toujours à l'envahisseur. Débarquée de Normandie avec ses deux frères plus jeunes, désolée pour son oncle dont la petite boutique ne pourra éviter la faillite, peinant à reconnaître son amour pour son patron, Denise, si insignifiante à ses débuts, s'imposera et améliorera, avec douceur et sans même trop le vouloir, au fil des saisons et des grosses ventes, la condition des 1200 employés du "Bonheur" !
C'est l'un des rares romans de Zola qui se termine bien (voir ma lecture/relecture des Rougon-Macquart sur cette page) et cette plongée colorée au coeur des débuts du grand commerce et de la société de consommation m'a conquise, même s'il manque certains passages (j'ai par exemple attendu en vain la mention du portrait de la première épouse de Mouret dans le bureau de ce dernier, comme une sorte d'ange tutélaire...).
Dans cette adaptation dénichée grâce au réseau de nos médiathèques, le dessin est néanmoins vif, intéressant ; la mode des robes à crinolines ou des tournures est bien mise en valeur (une explosion de couleurs, un régal pour les yeux) ; le choix des plans et des répliques dépoussière le classique et rend les personnages vraiment très attachants. J'ai notamment adoré le personnage du Baron" Hartman" (Haussmann), ce facétieux vieux millionnaire qui se lie finalement d'amitié avec Mouret : Agnès Maupré le croque tellement bien !
Une très belle lecture au final (partagée avec mes élèves de 6e lors du quart d'heure de lecture national du 10 mars dernier - joli moment ! - et, à la maison, avec le Lardon qui me demandait "la suite de Denise" et mettait consciencieusement un marque-page à chaque pause ;-p).
130 pages
💝 Mini-série "Le Bazar de la Charité", 2019 (8 épisodes de 50 minutes),
avec Audrey Fleurot, Camille Lou, Julie de Bona, Gilbert Melki,
Stéphane Guillon, Josiane Balasko, Antoine Duléry, Florence Pernel...
(bande-annonce)
Depuis le temps que j'en entendais parler ! La semaine dernière, j'ai pu emprunter à la médiathèque le coffret DVD de cette série produite par TF1... et je me suis absolument régalée, à tel point que je l'ai "binge watchée" : les 8 épisodes en 3 soirs (de semaine, en plus ! ;-p).
Les faits de départ sont bien réels. En mai 1897, à Paris, le Bazar de la Charité, une sorte de halle où les dames de l'aristocratie viennent faire de bonnes affaires et aussi se retrouver, se montrer, se distraire grâce au photographe, au magicien et au cinématographe, a mystérieusement pris feu : en une demi-heure, tout a brûlé, faisant 130 victimes, dont 123 femmes, et en en laissant des dizaines d'autres défigurées ou mutilées. Un affreux drame qui a bouleversé la capitale, nécessité une enquête criminelle et fait couler beaucoup d'encre...
Dans la fiction, Alice de Jeansin, la fille du président d'honneur du Bazar, son amie Odette de la Trémoille, sa bonne Rose Rivière, ainsi que sa tante Adrienne de Lanverpré, mariée à un homme politique abominable, se retrouvent toutes 4 au Bazar ce soir-là : leurs destins seront bouleversés à jamais.
Non seulement l'époque et les costumes m'ont séduite, mais en plus j'aime les films-catastrophe. Et puis, comment hésiter face à ce casting de folie ? Cependant, je dois avouer que le jeu des comédiens est assez inégal (on trouve du très bon : Gilbert Melki, Florence Pernel ; du satisfaisant : les trois actrices principales, Stéphane Guillon ; et du moins réussi : j'ai eu beaucoup de mal avec le comédien incarnant Julien, et Antoine Duléry ne m'a pas semblé totalement à la hauteur).
Au milieu de tous ces grands noms, la prestation qui m'a bluffée - et c'est d'ailleurs son personnage qui m'a le plus plu, c'est celle de Josiane Balasko (j'ai beaucoup aimé l'évolution de la richissime et ambiguë Madame Huchon). L'intrigue m'a en outre vraiment tenue en haleine, j'ai pleuré, été outrée et agréablement surprise par le message social et féministe de cette réalisation soignée, rehaussée d'une bande-son très moderne mais qui convenait parfaitement.
Bref, un coup de coeur pour cette mini-série ultra-efficace !
Gwenaële Barussaud et Lucie Durbiano,
Le Palace de Rose et Suzon - tome 1 : Le plus bel hôtel du monde (2019)
Au Ritz, en 1926, Suzon, 11 ans, est femme de chambre ; elle sert des princesses, des ladies, des familles aristocrates et fait son travail très consciencieusement. A cette époque, c'est d'ailleurs le seul métier qu'elle peut exercer dans un hôtel et sa seule perspective d'avenir est éventuellement de devenir gouvernante en chef, comme Mme Lebrac, la responsable du deuxième étage, sa patronne. Les hommes, eux, peuvent gérer un hôtel , travailler en cuisine ou même devenir un grand chef réputé comme l'illustre M. Auguste Escoffier ! Mais Rose, elle, rêve de devenir la directrice d'un palace ! Mme Lebrac rit et se moque d'elle : cette fillette alors ! que va-t-elle chercher là ?
Espérer autre chose, voir grand, rêver de liberté, c'est pourtant ce que fait aussi Rose, 11 ans également, la fille du sous-directeur de l'établissement.
Une nuit, les deux héroïnes se retrouvent par hasard en cuisine et commencent à papoter en préparant des crêpes suzette pour un mystérieux pensionnaire de l'hôtel. Rose rêve en effet de devenir un célèbre chef : quand elle maîtrisera à la perfection toutes les recettes du livre de M. Escoffier, elle créera ses propres préparations ! Enfin, si ses parents et si la société de l'époque le lui permettent...
Pour les papilles : escalopes de ris de veau, perdreaux truffés, mousselines de soles au vin du Rhin, écrevisses, langoustes, caviar, macarons aux noisettes, soufflé Montmorency mais aussi simples spaghetti aux palourdes.
Un bien joli premier tome qui pose le cadre (à la "Downton Abbey") et raconte la rencontre des deux fillettes. J'ai aimé les illustrations surannées et délicates ainsi que cette histoire toute fraîche et mignonne dans laquelle souffle un joli vent de féminisme, là aussi. Ouvrage déniché (entre autres) chez Lou.
142 pages