Sans titre 4

L'an dernier, Pedro Pan Rabbit m'avait tellement donné envie de lire ce roman biographique ! N'hésitez pas à consulter son billet ultra-documenté et fort élégamment rédigé : je suis sûre que vous non plus, vous ne saurez pas résister. ;-)

"Petite", c'est le surnom donné à celle qui deviendra la célèbre Mme Tussaud. Avez-vous déjà visité l'illustre musée de cire qu'elle a fondé au début du XIXe siècle sur Baker Street ? Moi, je suis passée devant il y a quelques années mais n'y suis jamais entrée.

Anne-Marie Grosholtz (1761-1850) était une toute petite bonne femme pleine d'idées (parfois très-trop novatrices) et de courage. Elle est née en Alsace, a vécu plusieurs années en Suisse, où elle a appris l'art de prendre des empreintes, de mouler et de réaliser des têtes en cire puis des bustes puis des personnages en pied. Son maître, le Dr Curtius, travaillait pour l'hôpital de Berne (il reproduisait des organes, sains ou malades, à destination des étudiants et des médecins) : ce savant-artiste très spécial, amoureux du corps humain et de ses secrets mais plutôt mal à l'aise avec ses semblables, fut le mentor et, au-delà, le père de substitution de "Petite" : quelle belle relation entre ces deux êtres abîmés par la vie ! Avec la veuve d'un tailleur, c'est ensemble qu'ils ont ouvert à Paris la première version du futur grand musée londonien, quelques années avant la Révolution : leur local, une vieille maison branlante, accueillait alors les statues des grands criminels de l'époque.
Au fil des années, des drames de l'Histoire et des drames personnels, de Berne à Londres en passant par Versailles, Marie a rencontré Rousseau, Voltaire, Mercier, Benjamin Franklin, Marie-Antoinette et Louis XVI, a été une proche "amie +" d'Elizabeth, la soeur du Roi, a été peinte par David, e
mprisonnée avec Joséphine de Beauharnais pendant la Terreur, a réalisé les masques mortuaires des grands du royaume décapités par la guillotine (le roi et la reine, notamment) ainsi qu'un moulage de la tête de Napoléon Ier lorsqu'il n'était encore que le Premier Consul Bonaparte.
En 1837, de l'autre côté de la Manche, c'est la Reine Victoria elle-même qui acceptera d'être sculptée, de même que le Duc de Wellington... 

J'ai un nouveau conte à vous dédier : La Petite Femme qui portait l'histoire sur son dos. Voulez-vous du sang ? Il y en a. Des châteaux, des palais ? Bien sûr. Des taudis ? Egalement. Des monstres ! Oh oui, pléthore. Venez, venez voir, que je vous montre comment tout est arrivé, je vous dirai ce que sont les hommes. 

Jamais je n'aurais imaginé que cette Mme Tussaud avait vécu tant de choses, côtoyé tant de personnalités et connu un destin si incroyable ! Un grand, grand coup de coeur pour cette "Petite" femme véritablement hors du commun... Au-delà de l'aspect historique et documentaire, ce roman passionnant, construit comme une vraie-fausse autobiographie et agrémenté de vrais-faux dessins de la narratrice elle-même, est admirablement construit (et traduit) : je ne saurais que trop vous en recommander la lecture !
554 pages

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(billet 2022 n°6)