Le film "Sur la plage de Chesil", d'après Ian McEwan

(bande-annonce)

Angleterre, années 1960. Florence et Edward (Saoirse Rowan - vue dans "Mary Stuart, reine d'Ecosse" - et Billy Howle, excellents) sont deux tout jeunes mariés qui ont chacun opté pour le mariage afin de fuir une situation familiale compliquée : Florence Ponting, étudiante en musicologie et habile violonniste, est issue d'un milieu aisé aux idées très arrêtées (et elle est déterminée à s'en libérer) : la mère d'Edward Mayhew, fraîchement accepté à Oxofrd, n'a plus toutes ses facultés mentales et ne vit plus que pour la peinture, son père est professeur, la famille vit chichement mais Florence apporte avec un vent d'espoir dans le foyer (les scènes où la jeune femme ramène un semblant d'ordre et d'insouciance dans la famille d'Edward comptent parmi mes préférées, avec celle au club de cricket).

La rencontre des deux jeunes gens est due au hasard et le film, bâti autour de flashbacks, raconte principalement le soir de leur nuit de noces... Ou plutôt le fiasco de leurs premiers moments d'intimité : jusque là, ils étaient certains de leurs sentiments mais, à partir du moment où il leur faut partager une réelle intimité, comme le veulent les codes sociaux, rien ne va plus : leur inexpérience ainsi que leur manque de confiance en eux, au lieu de les rapprocher, les éloigne et d'insurmontables barrières psychologiques vont venir tout gâcher. Ils ne se reverront que des décennies plus tard !

De Ian McEwan, j'avais déjà lu Expiation mais n'en ai gardé qu'un très vague souvenir... Là, je retiendrai les jolis premiers temps de l'idylle, puis les regrets, l'amertume, les maladresses qui séparent au lieu de cimenter, la comédie humaine, la perte des illusions, le passage à l'âge adulte, la place de la musique, une "swinging" époque pourtant toujours engluée dans des règles bien définies, la mode de l'époque, le choix des couleurs (ah, ce "baby blue", le bleu d'un ciel sans nuages, qui va si bien à l'héroïne)... Les non-dits aussi (par rapport au père de Florence) qui m'ont mise mal à l'aise.

Je ne pense pas que ce drame (dont McEwan lui-même a retravaillé le scénario avant le passage à l'écran) me laisse un souvenir impérissable mais, sur le moment, le tout a fonctionné, m'a émue par son élégance et en raison de l'attendrissant gâchis qu'on nous raconte avec beaucoup de finesse. 
Et pour notre challenge gourmand : #repasenfamille, #dînerdel'hôtel, #menuhypertraditionnel, #faireetmangercommetoutlemonde...

(billet 2022 n°10)

(billet 2022 n°20)

Comments

[Chicky Poo]

Je ne connais ni le film, ni le roman... Mais pas certaine que ce soit mon genre.

[Lou]

J'avais adoré le roman que je relirais volontiers, et je serais curieuse de découvrir cette adaptation ! Figure-toi que l'accès à mon blog semble bloqué, j'espère que Mr Lou pourra me sortir de cette impasse :( Entre ça et le covid la semaine se passe bien ^^

[rachel]

Cela reste assez sympa.....mais alors pas sure de le voir...