🌊 Eaux la la : aventures risquées en (plus ou moins) haute mer !
Vous voyez cette marine calme, tranquille et apaisante signée Raoul Dufy ? (1877-1953)
Bon, ben la mer, ça peut aussi être tout l'inverse !
Du danger, de l'aventure puissance maxi, de l'angoisse, la mort qui rôde entre les gouttes...
"C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme, tan tan tan..."
(Renaud, of course)
C'est parti pour ce 2ème volet (volet 1 par ici) !
Jock Serong, Les naufragés de la discorde
1797. Trois naufragés sont ramenés à Sidney, une ville que les colons anglais sont tout juste en train d'établir : Mr Clark, dernier héritier d'une petite compagnie commerciale écossaise, son jeune "lascar" ou homme à tout faire indien et Mr Figge, marchand de thé. Trois survivants qui ont connu l'enfer de deux naufrages (celui de leur navire transportant des objets de luxe, des tissus, du thé et surtout une énorme quantité de rhum ; puis celui de leur radeau de fortune), qui ont parcouru plus de 800km à pied à travers des contrées inconnues et peuplées de tribus indigènes, qui portent d'horribles blessures, qui ont laissé en chemin plus de 40 compagnons et qui n'ont pas l'air du tout de s'entendre ! Ils semblent même se méfier profondément les uns des autres...
Comment en est-on arrivé là ? Que s'est-il vraiment passé ? C'est ce que cherchent à comprendre le gouverneur de Sidney et le lieutenant Grayling, chargé de recueillir et de vérifier les témoignages de ces hommes. Que taisent-ils ? Que cachent-ils ? Mais Grayling est préoccupé par l'état de santé de sa femme Charlotte, gravement malade, et se sent très mal à l'aise en présence des naufragés, notamment avec le venimeux Mr Figge :
En face de lui, le visage tuméfié de Figge reflétait un remous intérieur animé de courants contraires : la bonté, la compassion, l'empathie ridaient la surface d'eaux noires où nageaient des créatures maléfiques dont on distinguait le dos sombre dans le clair-obscur.
J'ai beaucoup aimé le croisement des points de vue, qui dynamise la narration, et me suis laissée emporter avec grand plaisir dans cette "aventurenquête" historique, ethnographique et maléfique parfois... L'auteur maîtrise son sujet, son texte, ses personnages, et rien n'est laissé au hasard. Lecture australienne vivement recommandée, qui n'a pas eu de coeur simplement car certains passages m'ont paru un peu trop violents.
427 pages
Thomas Rydahl & A.J. Kazinski, La mort d'une sirène
A Copenhague, en 1834, Hans Christian Andersen n'est qu'une jeune poète sensible, introverti, peu sûr de lui et de ses préférences. Il n'a encore rien publié de notable. Alors qu'il tient un journal chaque jour depuis toujours, il n'écrit rien durant de nombreux mois cette année-là (il s'agit d'un fait attesté). Que s'est-il donc passé dans sa vie ?
Un soir de printemps, il rend visite à une prostituée qu'il a l'habitude de payer... pour pouvoir la dessiner, reproduire son corps puis découper et coller ses membres de façon à créer des portraits ! Et rien d'autre. En sortant de la maison close, il est loin de se douter que, quelques minutes plus tard à peine, la jeune femme, mère d'une fillette laissée aux bons soins de sa tante Molly, croisera la route de la dangereuse Mme Krieger... Quelques jours plus tard, alors que Molly cherche sa soeur partout, on retrouve le corps de la prostituée, affreusement mutilé, dans le port de la capitale danoise. Andersen devient aussitôt le suspect numéro et a 3 jours pour prouver son innocence en retrouvant le véritable coupable. Avec Molly, ils formeront une sacrée équipe ! Mais sont-ils prêts à affronter l'horreur la plus sombre ?
Du cloaque où sont vidangés tous les pots de chambre de la ville jusqu'au palais royal, en passant par l'université des sciences et par la prison, l'immersion dans l'époque et dans l'enquête est totale : j'ai beaucoup aimé ce polar historique forcément sanglant par moments mais très abouti et incroyablement bien documenté. Le personnage d'Andersen m'a vivement intéressée ; celui de Molly est en tous points réussi ; les références à la biographie et aux textes les plus célèbres (et les plus pathétiques) du conteur m'ont émue autant que ravie. Comme j'ai trouvé qu'il y avait quelques petites longueurs dans le dernier quart du récit, ce ne sera pas un complet coup de coeur, toutefois j'ai quand même passé un excellent moment !
548 pages
Extraits savoureux au milieu du glauque :
~ En ville : Un boulanger transporte un bâton où sont enfilés des bretzels.
~ Au palais royal : Des fruits glacés dans de profonds bols de Chine. [...] En haut, dans les belles salles, des rires et des toasts tandis qu'on apporte les plats, cervelas, raisins verts et hareng salé, dans un ballet incessant. [...] A chaque place, une soupe chaude fumante qui sent l'oignon trop cuit, l'anguille et le poivre. [...] Les filles de service apportent la suite : de l'oie grillée décorée de plumes de paon, des faisans farcis aux prunes et aux poires, des espadons aux têtes impressionnantes, des pommes de terre enrobées de sucre, et de la sauce aux câpres et au rhum.
~ Souhait : Il veut emmener Molly et la petite dans un restaurant et les régaler de rôti de porc aux pommes et de riz au lait et de bière blanche et de gâteaux.
Partons maintenant pour le Mexique (en vrai, le tournage a eu lieu en Corse ;-p) avec la série parodique "Le Flambeau ~ Les aventuriers de Chupacabra", la dernière création du totalement déjanté Jonathan Cohen (avec Totoro, on est friands de son humour particulier mais on sait que ça ne plaît pas à tout le monde).
Après s'être moqués des ficelles du "Bachelor" dans "La Flamme", ici Cohen et son équipe (on retrouve d'ailleurs une bonne partie du casting : Géraldine Nakache, Leïla Bekhti, Anna Girardot, Adèle Exarchopoulos, Pierre Niney) ont l'émission "Koh Lanta" dans leur viseur (et dans le rôle de l'animateur, Jérôme Commandeur). Au fil des épisodes, le scénario devient du grand n'importe quoi mais ça reste brillant dans le genre ! Mes moments préférés : le passage avec Frédéric Lopez, la bromance entre Kad et Gérard Darmon, le retour d'Alexandra la psychopathe, les moments autour d'Annick mais aussi du personnage de Jonathan Lambert et enfin, la finale trop bien (mouais, "comme par hasard" ;-p).
9 épisodes d'environ 35 minutes chacun.
Pour finir, on n'est pas dans l'eau salée mais, bien que douce, cette eau-ci est aussi cruelle : je voulais citer le film "13 vies" qu'on a regardé avant-hier avec Totoro. Signé Ron Howard (valeur sûre), il retrace l'épopée que représenta le sauvetage dément d'une équipe de 12 jeunes footballeurs thaïlandais et de leur coach, un ancien moine qui leur a sauvé la vie en les faisant méditer et patienter durant près de 3 semaines au total, alors que la grotte dans laquelle ils étaient venus en vélo après un match était submergée en raison d'une mousson précoce.
Ca s'est passé durant l'été 2018 et, de cette histoire vraie, est né un film absolument génial !
L'interprétation est d'une grande profondeur (sans jeu de mots) et le casting superbe (Viggo Mortensen / Aragorn, Colin Farrell / Alexandre le Grand et Joel Edgerton / Gauvain en tête - tous 3 n'avaient pratiquement jamais plongé avant le tournage), la tension palpable tout du long (on ne voit pas passer les 2h25) et, à la fin, on est à notre tour portés par ce merveilleux élan de solidarité qui a permis de sauver ces garçons : une communauté thaïlandaise extrêmement soudée mais aussi des dizaines de plongeurs étrangers, dont les Britanniques et Australien par lesquels le miracle a eu lieu : Rick Stanton, John Volanthen et Harry Harris (je vous laisse découvrir son métier si, comme nous, vous ne le saviez pas... tout bonnement hallucinant !). Mille bravos à eux !
Si seulement tout pouvait se terminer aussi bien pour les 10 mineurs au Mexique...
Prêts pour l'ultime épisode de cette série aquatique ?
Guettez les ailerons transperçant la surface... ;-)