🦈 Eaux troubles : spécial requins
Aujourd'hui, 3ème et dernier volet salé !
(volet 1 par ici, volet 2 par là)
Bon, j'ai déjà eu l'occasion de vous en parler : j'adore les histoires avec des requins !!
Cet animal me fascine depuis l'enfance alors, souvent, l'été, je cherche de nouvelles références
pour alimenter ma banque de références somme toute assez classiques
("Les Dents de la mer" - roman et films, surtout les n°1 et 3 ; "Peur bleue" ; "Open water" ;
"Megalodon" - roman et film ; "47 meters down", "The Shallows", "Great White"...).
Qu'ai-je donc pris dans mes filets cet été ?
Kawai Strong Washburn, Au temps des requins et des sauveurs
Vous arrive-t-il parfois de vous dire, au bout de 3 ou 4 pages seulement : "Je sais que ce livre, je vais l'adorer !" ? Pas parce qu'il est particulièrement confortable ou drôle, non, juste parce qu'il émane du texte une force qui sort de l'ordinaire ; eh bien, c'est exactement ce que j'ai ressenti avec ce roman trouvé par hasard sur le site de la médiathèque. Et même si un certain événement, survenu aux deux-tiers de l'intrigue, m'a beaucoup déçue, je lui mettrais 4/5.
Hawaï, 1995, le petit Nainoa Flores, qui fut conçu dans une vallée fantomatique une nuit d'apparition des "marcheurs nocturnes" (sortes de morts-vivants charismatiques) et qui fait d'étranges rêves la nuit, est tombé à l'eau depuis un bateau et se voit ramener à ses parents par des requins : l'un des squales le tient dans sa gueule dentue, avec délicatesse et déférence. Un tableau impensable ! A partir de là, il devient clair que Noa possède un don, un lien avec le divin, un pouvoir de guérison à la fois incroyable et infiniment lourd à porter. Son frère aîné et sa petite soeur passent toujours à l'arrière-plan ; Noa est le prodige, le miracle, le sauveur de la famille... Dans une famille qui a toujours tiré le diable par la queue, Noa est le héros ! Dean et Kaui feront ce qu'ils pourront pour ne pas vivre ans l'ombre de leur frère mais en traçant leur propre chemin, de Portland à San Diego, en passant par Spokane, avec des retours réguliers à Hawaï : Honolulu, Waikiki, îles, plages, légendes...
En arrivant devant la porte, j'ai entendu la viande crépiter dans l'huile et, quand j'ai senti l'odeur dorée et un peu brûlée de la chapelure qui grillait, j'ai compris que Maman préparait du poulet katsu.
Il y a du katsu, du teriyaki, des nouilles et du chili acheté au Zippy's, de la glace et des pâtisseries de chez Leonard's Bakery, et même les classiques poi et poke.
Nous prenons le barbecue et bricolons une salade de pâtes et du riz frit, Crisha se charge des steaks à griller sur les braises, Keahi apporte deux longues glacières bleues remplie de Kona et de Maui Brewing comme s'il était milliardaire.
La maison de Kalihi est peuplée de silence. Nous allons, nous revenons. Au travail et à la maison. Des céréales premier prix. Des nouilles et des oeufs au plat. Des pizzas au micro-ondes. Des douches rapides et des piles de factures impayées.
Cette histoire à la fois moderne et ancestrale, volcanique et apaisante, qui explore la mécanique des relations familiales sur fond de mysticisme presque tribal, m'a bien plu. J'ai aimé la place accordée à la spiritualité (à laquelle je suis de plus en plus sensible), ainsi que l'exploration des moeurs et de la culture hawaïennes. S'il y a du fantastique et même une certaine poésie, ça reste un roman très réaliste (dans les dialogues, les personnnages campés, la vie de famille qui résonne aux oreilles du lecteur, le drame) qui dégage quelque chose de primitif, de puissant à travers les thèmes universels de la maternité, de la perte, de l'identité. Sans le fameux événement sus-mentionné, ça aurait clairement été un coup de coeur.
415 pages
Heinrich Steinfest, Requins d'eau douce
Début des années 2000, début d'été. A Vienne, au 28ème étage d'un immeuble très tranquille, se trouve une belle piscine moderne, que les résidents du building apprécient. Sauf lorsqu'un homme y est retrouvé mort et que son cadavre, étrangement peu sanguinolent mais avec une jambe et une main manquantes, porte les incontestables marques d'une attaque de requin !! Un vrai casse-tête pour l'inspecteur principal Lukastrik qui, à 47 ans, est retourné vivre chez ses parents, a un caractère ainsi qu'un passé amoureux très discutables (sa soeur pourra confirmer) mais qui apprécie par-dessus tout la routine, la loyauté et la beauté de la vérité. Aussi, quand son subalterne, l'inspecteur Jordan, qu'il ne porte pourtant pas spécialement dans son coeur, disparaît au début de cette enquête mordante, n'hésite-t-il pas à sauter dans sa Mustang et à filer sur le terrain...
Certes, il y a des digressions (j'en ai passé pas mal, j'avoue, notamment concernant les manies, les idées arrêtées du héros ou sa passion pour Wittgenstein et la dodécaphonie) et le personnage principal n'est pas attachant pour deux sous. Mais, pour l'instant, l'intrigue retient mon attention : j'en suis à la moitié et je ne sais pas du tout où tout cela va me mener ! En tout cas, j'en ai appris plus sur le requin-bouledogue, très proche parent du grand blanc mais en version plus petite (2,5 mètres en moyenne), avec un museau plus arrondi et capable de s'adapter à des milieux beaucoup moins salés que l'océan, comme des fleuves (en Inde, au Pérou, en Australie) ou carrément des lacs (en Amérique centrale et en Asie, principalement) !
393 pages
# challengegourmand : goulasch, choucroute, la rituelle soupe du soir préparée par le père de l'inspecteur (par exemple, bouillon assaisonné de ciboulette fraîche) Ensuite, on servait généralement quelque chose de froid, poulet, pâté, saucisson, fromage, oeufs durs entiers et cornichons tranchés.
Jean-Hugues Oppel, Dans le grand bain
Sur la Côte d'Azur, dans un parc aquatique presque entièrement désaffecté, Delphine, 14 ans, a l'habitude de venir nager dans l'arène nautique en compagnie de Sagane, une femelle orque épaulard de 2 tonnes. La jeune fille accède librement aux infrastructures car celles-ci appartiennent aujourd'hui à ses parents. Son grand-père était en effet le propriétaire du Marineland Chambier jusqu'à sa mort. A présent, alors que M. Chambier fils voudrait vendre les lieux au plus vite, surtout en raison d'un projet de rocade qui lui cause bien des soucis, tous les pensionnaires du parc ont été relogés ailleurs sauf deux, les deux plus imposants : Sagane et un grand requin blanc, pêché en Australie il y a des années... L'informatique ainsi que de solides grilles métalliques immergées gèrent les déplacements des animaux et leur accès à l'arène nautique ou au bassin panoramique. En ce jour d'été caniculaire, alors que ses parents sont pris dans les embouteillages pour rentrer au centre, Delphine plonge pour se rafraîchir en compagnie de son amie cétacé. Or l'aileron qui fend bientôt la surface de l'eau est gris : ce n'est pas Sagane !!
Bon, j'aime bien les épaulards (ex : Titan noir) mais WHAAAT ? Laisser une ado de 14 ans nager tranquillou dans un bassin avec une orque ?!?!? o_O (x17) !! Bref, passons. Au-delà de ce léger détail, le récit, sobre et neutre, est mené tambour battant, la tension est permanente mais il n'y a jamais de surenchère dans la terreur ni dans le sanglant. Terriblement efficace pour un court ouvrage jeunesse (1999).
90 pages
Ces lectures à ailerons m'ont ensuite donné 2 terrrrribles envies de films :
J'ai d'abord regardé le nanaraquatique "The Requin" (drôle de titre, ce mélange de franglais !) sorti en janvier 2022, avec Alicia Silverstone et James Tupper de "Men in trees" : au Vietnam, un couple essaie de recoller les morceaux d'un passé douloureux en s'offrant un séjour dans une villa sur pilotis. Suite à une tempête tropicale, la maison se met à dériver sur l'océan. Les héros vont tenter de survivre. Blessures inévitables, scènes de tension et quelques squales attirés par le sang...
Mouaif, mouaif. Les effets spéciaux ne sont franchement pas terribles (le plancher flottant sur l'eau n'est carrément pas rendu de manière réaliste), ça sent le studio à plein nez (le côté perpétuellement brumeux doit avoir été pensé pour atténuer l'effet "toc"), les squales se font désirer pendant 1h (sur 1h30 !!), le dernier quart d'heure est hautement improbable (les scènes du requin-sauteur et du moteur-trancheur sont du vrai n'importe quoi, vous en aurez les jambes le souffle coupé...). Bref, ça s'est laissé regarder mais il ne faut pas être difficile (ce qui est heureusement mon cas ;-p).
Cette déception m'a amenée à fouiner un peu sur le web et à trouver "Dark Tide" (2012), nettement meilleur ! En Afrique du Sud, à Cape Town, Kate est l'une des meilleures plongeuses pour ce qui est de côtoyer les grands blancs : dans une cage mais aussi sans aucune barrière, juste un gars costaud pour surveiller ses arrières (ce serait dommage d'esquinter les jolies fesses de Halle Berry ;-p) et un caméraman (son petit ami, Olivier Martinez) pour immortaliser l'instant. Un jour, ça tourne mal et, suite à la perte de son co-équipier, Kate se sépare de son compagnon et arrête la plongée. Mais son petit business d'escapades en bateau est au bord de la faillite et quand un richard antipathique lui propose beaucoup d'argent pour les emmener, lui et son fils, plonger au milieu des squales, elle n'a d'autre choix que d'accepter... Elle aura du mal à rester calme face à cet affreux client, allant jusqu'à prendre des risques inconsidérés, et le ciel lui-même participera au cauchemar qui surviendra dans Shark Alley...
Les images sont magnifiques, réalistes (Halle Berry a véritablement cotoyé les requins, ça sonne juste et pro), la psychologie de l'héroïne intéressante (et son amour pour les requins ne faiblira pas, j'ai aimé ce respect de l'espèce). Bref, un film de requins de qualité. Info people : lors de ce tournage, a débuté une histoire d'amour de 5 années entre Halle et Olivier : l'actrice avait 47 ans quand ils ont eu leur fils, Maceo.
Côté français, on a raté "L'année du requin" (j'adore le couvre-chef-aileron des gendarmes), sorti cet été, une comédie que Marina Foïs nous a bien vendue lors de son passage chez Kayan Khojandi dans un numéro de "Hot Ones" (émission très épicée, il fallait bien l'océan pour calmer tout ça) : " Allez le voir, c'est 'Les Dents de la Mer' à Arcachon !" Bah, on le trouvera sans doute un de ces 4 sur Internet et on devrait bien rigoler (mais pas que) : l'avez-vous vu, par hasard ?
Ainsi s'achève cette brochette de trois chroniquettes pour faire (ou pas) trempette,
ce trio d'éditos pour mettre (ou pas) les pieds dans l'eau ! ;-D