🕰️ USA, 19th century (2/8)

J'espère que votre vol s'est bien passé et que vous avez atterri en douceur.

Et si, au voyage géographique, on ajoutait le voyage temporel ?
Rendez-vous en plein XIXe siècle américain...

⭐ "The Pale Blue Eye", un film de Scott Cooper (2022)
(musique : Howard Shore)

Ce film m'a captée par surprise, un midi où j'ai mangé seule (William était alors en classe de découverte, et Totoro ne peut pas rentrer à la maison le jeudi) ; c'est arrivé si rarement cette année que je peux affirmer avec une certitude totale que c'était le jeudi 4 mai dernier. ;-)

(bande-annonce en V.O.)

Les mots-clés "Edgar Allan Poe" et "enquête" m'ont interpellée et amenée à visionner sur Netflix cette adaptation d'un roman de Louis Bayard (auteur américain, comme son nom ne l'indique pas forcément ^_^). Je n'ai pas lu l'oeuvre mais wow ! Qu'est-ce que j'ai aimé le long-métrage !

Fin de l'hiver 1830. Augustus Landor (Christian Bale, excellent as usual), un ancien enquêteur vivant reclus suite au décès de sa fille adorée, est contacté par l'administration de West Point (Timothy Spall interprète le commandant en chef), prestigieuse académie militaire située dans les Highlands de l'Hudson (Etat de New York) pour élucider un étrange meurtre : un cadet a été retrouvé pendu, ce qui aurait pu faire penser à un suicide si son corps n'avait été profané et son coeur retiré ! Et ce ne sera pas le seul décès suspect.

Landor, énigmatique et désabusé, perspicace et opiniâtre, est un homme abîmé qui aura besoin d'aide dans son cheminement vers la solution : il pourra compter sur Patsy (Charlotte Gainsbourg), sa maîtresse occasionnelle et tenancière de la taverne proche de l'école, sur un spécialiste des sciences occultes qui vit dans le coin aussi (ça tombe bien, et c'est Robert Duvall) ainsi que sur un jeune soldat un peu perché mais habile, futé, délicat et infiniment attachant répondant au nom d'Edgar Allan Poe (Harry Melling est PHENOMENAL dans le rôle, avec son visage taillé à la serpe et ses yeux incroyables). Vous imaginez bien que l'enquête sera beaucoup plus complexe que prévu !

Des plans magnifiques, la nature enneigée et sauvage, réalisation soignée et acteurs brillants (avec encore quelques bonnes surprises, comme Gillian Anderson, son accent et ses robes de folie), sans oublier un twist scénaristique absolument GENIAL une demi-heure avant la fin : bref, un film policier historico-gothico-littéraire de grande qualité, fondé sur des faits bien réels issus de la biographie et de l'oeuvre de Poe !

Par ailleurs, je viens de terminer un roman qui se base sur une double temporalité :
tout un versant de l'histoire se situe 2 décennies plus tard, dans les années 1850...

Sarah McCoy, Un parfum d'encre et de liberté

Eté 2014. Après avoir vécu à Washington (et enchaîné les tentatives pour concevoir un enfant, toutes vaines), Eden et Jack Anderson viennent d'acheter une maison ancienne, sur Apple Hill Lane, à New Charlestown, Virginie Occidentale. Ils espèrent donner ainsi un nouveau souffle à leur couple... mais ça démarre assez mal.
Au fil des jours, cependant, Eden, 36 ans, se lie d'amitié avec Cleo, la petite voisine au passé familial compliqué et qui vit avec son grand-père. Jack a d'ailleurs demandé à l'écolière de 11 ans, de prendre soin du chiot qu'il vient d'offrir à son épouse pour lui changer les idées. Si Eden ne voulait d'abord pas de cet animal, elle finit par s'y attacher, comme à la dog-sitter ! En parallèle, la nouvelle propriétaire essaie de rassembler des informations sur sa nouvelle demeure : elle vient en effet de retrouver, dans une trappe cachée sous l'ancien garde-manger, une tête de poupée datant d'avant la Guerre de Sécession ! Bientôt, ce sont de vieilles lettres qui ressurgissent, tant dans la narration que dans un coffre-fort à la banque : des missives échangées entre une certaine Sarah Brown, fille d'un abolitionniste actif et mort en héros, ayant étudié les lettres auprès du père de Louisa May Alcott et le dessin auprès d'une artiste de l'époque, et Freddy Hill, dont la famille habitait autrefois la maison de Apple Hill Lane.

"J'ai du thé noir, des crêpes de maïs et du beurre de pommes pour vous r'donner du courage."

Au fil des pages, c'est toute une fresque qui prend vie, ressuscitant un pan important de l'Histoire américaine ainsi que le destin de 4 familles...

Sarah aida Mary à organiser le festin : poule rôtie et oeufs durs, le tout dans une gelée salée qui en faisait une masse tremblante. Annie et Ellen découpaient des étoiles et des coeurs dans une pâte sucrée à cuire sur des moules beurrés.

J'aime bien ce genre de sagas, surtout quand elles contiennent autant de références picturales et littéraires (Louisa May Alcott, Thoreau, Dickens), quand elles ont trait au Chemin de Fer Souterrain qui venait en aide aux esclaves et aux familles Noires en général, quand elles tissent un lien entre un Etat du Nord et un Etat du Sud, quand elles sont fondées sur de solides et minutieuses recherches comme celles effectuées à travers tous les USA par Sarah McCoy, et quand - cerise sur le gâteau - un des personnages secondaires est une attachante libraire !! Malgré quelques maladresses dans la traduction, ce fut un très bon moment de lecture, aussi poignant qu'enrichissant... et gourmand ! (pains de maïs, jambon, salade au poulet et au citron, tourtes diverses, une brioche aux raisins encore chaude, un concours de tartes et desserts en tous genres etc) Merci encore, Blandine ! ^_^
472 pages

A propos de l'Underground Railroad américain, voir aussi : La dernière fugitive de Tracy Chevalier, Underground Railroad de Colson Whitehead.

Voilà. Belle journée !
On se retrouve bientôt pour la suite du voyage... ;-)

Comments

[Chicky Poo]

Oh je vais de ce pas enregistrer le film dans mes "à voir" sur Netflix !!

[rachel]

Et bin a voir le film alors....merci pour cette tentation....et pour le livre si le temps me le permet...;)