Véronique de Bure, "Un clafoutis aux tomates cerises"
La charmante Jeanne, 90 ans, vit seule dans sa jolie maison du Puy-de-Dôme, pas très loin de Vichy et de Saint-Germain-des-Fossés (clin d'oeil vers Céline ^_^), pas trop loin non plus de ses deux voisins, Fernand et "la Marcelle". Son époux est décédé depuis des années, comme ceux de ses meilleures amies d'ailleurs. Elles se retrouvent donc régulièrement entre filles, pour un goûter, une partie de bridge, une messe à l'église, un déjeuner, une partie de Scrabble, un repas chez l'une ou chez l'autre. Dans son carnet de bord, Jeanne nous livre aussi ses tracas, ses inquiétudes la concernant ou concernant son cercle de connaissances, sa relation avec son fils et sa fille, nés à 15 ans d'écart, ce qui la fatigue, comme la venue de ses enfants et petits-enfants que pourtant elle adore, son goût pour les fleurs et pour les légumes de son petit potager, son désarroi face au monde moderne ("Pourquoi, avec le progrès, tout est-il devenu si compliqué ?"), ses petites habitudes, par exemple faire les mots croisés du Figaro après le repas en buvant son café dans le jardin ; elle nous parle aussi de ses souvenirs avec nostalgie et de ses sources de bonheur actuelles avec un sourire qu'on perçoit derrière ses mots. En tout, c'est une année entière qu'elle nous fait partager...
L'auteure a finement observé le quotidien, les préoccupations et les manies des personnes âgées, ce qui fait de ce récit un témoignage émouvant et très juste. J'ai d'ailleurs très très très souvent songé à ma propre mamie Henriette ou à la mamie "Tanette" de Totoro en le lisant. ^_^
Tout le monde semble avoir unanimement adoré ce livre (*) : je l'ai moi aussi beaucoup aimé parce qu'il est infiniment touchant et délicatement doux-amer. Bon, un poignet gauche foulé devient le poignet droit à la page suivante mais ce n'est pas vraiment grave. Et puis, au début, j'ai trouvé l'écriture très-trop facile mais, finalement, c'est ce qui donne au texte une telle fluidité, et puis il s'agit du journal intime de Jeanne et sa plume doit refléter son parcours simple, sa vie sans chichis. On s'attache énormément à tous les personnages et on a l'impression de faire partie du cercle-cocon de Jeanne, de connaître sa grande maison et tout son petit monde, de sentir le parfum de ses fleurs le soir. On partage donc sa douleur quand, peu à peu, son univers se dépeuple... Au final, une lecture très agréable qui apaise et réconforte, tout en nous faisant mieux comprendre ce que c'est que vieillir.
377 pages
(*) Les billets de Milly, Marielle, Sue-Ricette et Val bouquine.
Livres-échos : Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda (excellent "feel good" que je relirais volontiers car ça commence à dater), Et puis, Paulette... de Barbara Constantine.