Thomas Hardy, "Tess d'Urberville"
(en ce 10 juin, RDV commun autour d'une région anglaise au choix)
Après le film "Loin de la foule déchaînée" et le récit Le maire de Casterbridge, voici le 3e "roman du Wessex" de Thomas Hardy qu'il m'est donné de découvrir (sachant que la province "cartographiée" par l'écrivain dans ses livres est assez imaginaire, en fait : plus vaste que le comté réel placé au sud-ouest de l'Angleterre, il englobe aussi une partie du Hampshire, du Berkshire, du Wiltshire, du Devon, du Somerset et du Dorset, région natale de l'auteur).
Je connaissais (seulement de titre) l'adaptation de Roman Polanski sortie en 1979 avec l'actrice allemande Nastassja Kinski dans le rôle principal, mais c'est un billet paru chez Lilly l'an passé qui m'a vraiment motivée pour lire l'ouvrage original qui a pour sous-titre "Une femme pure".
La ravissante Tess Durbeyfield est l'aînée d'une famille nombreuse et pauvre installée dans la campagne anglaise : le père, John, est alcoolique, la mère arrive à peine à s'occuper de sa maison et de ses 7 enfants. Un jour, John apprend que ses ancêtres étaient illustres, des chevaliers du temps de Guillaume le Conquérant, les d'Urberville, le nom originel. Fort de ce fameux lignage, les parents Durbeyfield envoient leur aînée chez une dame d'Urberville, une dame aisée, qui doit bien être une de leur parente. Tess ne veut d'abord pas s'y rendre mais finit par se soumettre aux ambitions familiales. Là-bas, Tess rencontre Alec, séduisant, séducteur : une rencontre qui lui sera fatale et qui modifiera à jamais le cours de son destin...
"J'ai appris des choses dans mes malheurs..."
Pauvre Tess, touchante victime de sa beauté, de la passion qu'elle inspire aux hommes, de son ignorance et de sa naïveté ! Mais au-delà du jeu des sentiments et du parcours pathétique de Tess dont le chapitre final se joue à Stonehenge (excusez du peu), c'est tout le monde rural anglais de la fin du XIXe siècle qui nous est ici dépeint avec maestria : les habitudes domestiques, le travail des champs, la façon de se louer pour une année, les inquiétudes, les amitiés, les déménagements et même l'arrivée du progrès technique qui est en train de bouleverser l'agriculture. Le chapitre dans lequel intervient la batteuse mécanique est tout simplement magnifique, tout en symbolisme :
C'était le mécanicien. Il était d'un autre monde. Il servait la fumée et le feu, tandis que ces habitants des champs étaient les serviteurs de la végétation, du temps, du gel, du soleil.
Cette lecture me conforte dans l'idée que j'aime décidément beaucoup les oeuvres et la plume de Thomas Hardy, qui me rappellent énormément celles d'Emile Zola. Un classique que je suis absolument ravie de connaître désormais.
423 pages
(billet 2019 n°11)
(présentation et choco-récap)