Alexander McCall Smith "Un peu de recul, chère Isabel !" (tome 11)
J'ai toujours eu un faible pour l'élégante et (trop ?) réfléchie Isabel Dalhousie (tomes 1 à 10 de la série, Noël chez Isabel). Alors quand j'ai découvert chez Myrtille qu'un 11ème volume existait (et même un 12ème après lui), j'ai sauté sur un exemplaire d'occasion !
Dans ce tome 11, on retrouve Isabel et son époux plus jeune qu'elle, Jamie, un musicien qui adore cuisiner. Ils habitent toujours la maison de caractère de la jeune femme, au coeur d'Edimbourg. Maître Renard continue à leur rendre visite, de temps à autre, au fond du jardin, et Grace, leur gouvernante, travaille toujours pour eux (la relation entre Grace et sa patronne m'a d'ailleurs particulièrement émue ici). Grace aide aussi la philosophe, directrice de revue et détective à ses heures, à s'occuper de ses 2 fils : Charlie, bientôt 4 ans, et Magnus, 3 mois. Cette fois, Isabel vient en aide à Bea, une de ses connaissances qui aime à jouer les entremetteuses et se demande si elle a bien fait de faire se rencontrer deux personnes...
Ce que j'ai aimé : la capitale écossaise qui me manquait, le récit de la naissance du petit dernier, les réactions de son grand frère face à l'arrivée du concurrent (certains passages m'ont bien fait rire, comme la douche tous les 4 : "On jette Magnus dans le siphon ?" ;-p), Jamie et sa femme face à leurs questionnements de parents, les voir partager des moments de complicité, une fois les enfants couchés : une complicité souvent musicale ou gastronomique (l'élaboration du repas du soir est un rituel entre eux ; ce peut être un risotto ou d'autres mets choisis).
Elle feuilleta Delia Smith et le Julia Child qui lui venait de sa mère. Elle consulta Jamie Oliver et Elizabeth David, et finit par opter pour un soufflé au fromage. Jamie ferait l'entrée, une terrine assez compliquée avec des tomates et des olives en rondelles. Ils s'assirent ensemble à la table de la cuisine, leurs verres de vin posés devant eux, les livres de recettes ouverts sur la table en pin.
Vous constaterez avec cette citation que, si le babyphone, les réveils nocturnes, les siestes, la garderie et les promenades en poussette à travers Edimbourg apportent un côté plus réaliste à la vie d'Isabel, son quotidien et ses préoccupations n'en restent pas moins poudrées, témoignages d'une existence aisée et bourgeoise. C'est justement cette atmosphère sereine, posée, raffinée, teintée d'improbabilité qui me plaît...
Ce qui m'a moins plu : ...et qui, paradoxalement, me gêne aussi. Je n'aime pas la susceptibilité d'Isabel dès que quelqu'un évoque devant elle sa position de privilégiée et son possible décalage avec le monde réel (alors qu'elle fait bel et bien partie de l'élite - même si elle porte un regard toujours bienveillant sur ceux qui l'entourent). Et puis ses incessantes digressions et rêveries l'amènent souvent à sourire devant ses interlocuteurs, qui se sentent ainsi jugés par elle : ça m'agace et me met mal à l'aise. Elle essaie pourtant de faire des efforts... Bref, c'est une héroïne qui m'irrite autant qu'elle m'enthousiasme. :-) Le traitement du temps m'a aussi surprise car, depuis le tome 1, les années ne semblent pas avoir passé pour certains personnages. C'est le cas d'Eddie qui travaille dans l'épicerie de Cat, la nièce d'Isabel (et dans laquelle notre enquêtrice amateur s'implique de plus en plus) : il a toujours 22 ans, ce qui paraît illogique par rapport aux débuts, des années plus tôt. Autre exemple : Charlie avait déjà presque 4 ans dans le livre 10 alors que son cadet n'était même pas encore annoncé ; impossible donc qu'il ait toujours le même âge à présent...
L'un dans l'autre, j'ai quand même bien apprécié de retrouver des personnages qui me sont chers malgré tout et de voir ce qu'était devenue leur vie. Comme il s'agit d'une sorte de lecture facile et agréable (celle-ci a filé en 2 jours), je lirai sans nul doute le 12e volume aussi - et les suivants s'il y en a ! ;-)
334 pages