Claude Izner, "La disparue du Père-Lachaise"

Voilà un moment que je souhaitais faire la connaissance de Victor Legris, 30 ans, enquêteur-libraire parisien, héros imaginé en 2003 par "Claude Izner" (alias Liliane et Laurence Korb, deux sœurs). C'est désormais chose faite : notre rencontre a eu lieu à la médiathèque et nous avons passé un très agréable moment ensemble, lui et moi ! ^_^

Mars 1890. L'élégante Odette de Valois, fraîchement veuve d'un géologue français mort en Colombie et avec qui elle communique par l'intermédiaire de médiums, s'évapore mystérieusement alors qu'elle se recueillait au cimetière du Père-Lachaise. Sa jeune bonne Denise, affolée et terrifiée par toutes ces histoires d'esprits auxquelles sa maîtresse croyait, se tourne vers la seule personne qui, selon elle, peut l'aider à comprendre ce qui s'est passé : Victor Legris, qui tient une librairie au 18, rue des Saints-Pères et qui fut, un temps, l'amant de Mme de Valois. Legris va-t-il partir à la recherche d'Odette ou bien va-t-il tourner la page pour se consacrer à celle qu'il aime à présent, une artiste peintre d'origine russe ?

Voici une enquête captivante, qui vous mènera de l'Amérique centrale jusqu'aux majestueux ponts de Paris.
Passionnante d'abord parce que le lecteur peut lui-même participer et tenter de résoudre l'énigme (j'avais quasiment tout trouvé, pour une fois ^_^) : on a toutes les données en main, ce qui n'est pas le cas dans tous les récits policiers.
Ensuite car ce roman nous plonge dans le Paris populaire et mystérieux de la Belle Epoque : on y rencontre pêle-mêle des marchandes des quatre saisons, des journalistes, des étudiants-artistes qui tentent de percer, des allumeurs de réverbères, des crieurs de journaux, des bourgeoises en corset, des illusionnistes, des concierges gourmandes et autres vagabonds ivres et malpropres. Très pittoresque.
Au milieu de toutes ces figures, Legris et son jeune employé Joseph - apprenti détective et collectionneur de faits divers - m'ont paru très sympathiques.
En outre, quelques personnages exotiques, secondaires mais nécessaires (Tasha la peintre ainsi que Kenji, le père adoptif de Victor, japonais aux airs de dandy), apportent un vrai plus à l'histoire.
Pour finir, une enquête qui a pour arrière-plan une vieille librairie... Que demander de mieux, franchement ? On parle des œuvres de Maupassant, de Wilkie Collins, de Dickens ; des dernières parutions de Zola ; des dessins de Victor Hugo ; on voit même Anatole France et le secrétaire particulier de Verlaine...
Georges Méliès passe aussi dans l'histoire, avis aux amateurs de cinéma. Bref, délicieux et intelligent !
294 pages