Victor Hugo, "Quatrevingt-treize"
En ce début d'été, quelques petites révisions d'histoire permettant de comprendre pourquoi le XIXe (mon époque de prédilection) a été un siècle plein de bouleversements.
93 est une année intense. L’orage est là dans toute sa colère et dans toute sa grandeur. Il y avait autrefois un roi et une reine ; le roi, c’était le roi ; la reine, c’était la France. On a tranché la tête au roi et marié la reine à Robespierre ; ce monsieur et cette dame ont eu une fille qu’on nomme la guillotine.
1793. La République vit ses premières heures terribles. En effet, Louis XVI est mort mais pas les royalistes ! Blancs (royalistes) et Bleus (républicains) s’affrontent dans une guerre civile sans merci dont Victor Hugo, génie des mots en général et de l’antithèse en particulier, nous dévoile ici les coulisses. Des bancs de la Convention aux forêts de Vendée, on vit la Terreur de l’intérieur : Hugo, s’il se place assurément du côté du progrès, ne prend pourtant pas réellement parti dans ce roman, il s’attache au contraire à montrer à quel point cette période est douloureuse pour les deux camps.
Qu’il s’agisse du marquis de Lantenac affrontant son petit neveu Gauvain, du prêtre Cimourdain se heurtant à son fils spirituel, ou de Michelle Fléchard, cette mère qui cherche désespérément les trois enfants qu’on lui a arrachés, tous les protagonistes deviennent finalement les jouets de la Révolution. Les personnages secondaires, eux, ont des noms immortels, entourés d’une aura prodigieuse mais terrifiante : Marat, Robespierre, Danton.
Dernière chose : quel incroyable modernisme que celui de Victor Hugo ! Il a pensé les énergies éolienne et marée-motrice, l’égalité des sexes (avec cette nuance formidable : "J’ai dit l’égalité, je n’ai pas dit l’identité."), l’abolition de la peine de mort et bien sûr l’instruction publique. En 1872, lorsqu’il se lance dans la rédaction de Quatrevingt-treize, il n’a pas près de 100 ans de retard : il a des millénaires d’avance sur son temps...
380 pages
Egalement lu, du grand Victor, en plus de quelques poèmes célèbres : Le Dernier jour d'un condamné et Claude Gueux.