Julie Otsuka, "Certaines n'avaient jamais vu la mer"

 

"Ce roman s'inspire de la vie d'immigrants japonais qui arrivèrent aux Etats-Unis au début du XXe siècle", explique Julie Otsuka à la fin de son ouvrage. Et c'est surtout des femmes qu'elle parle. De ces filles vendues par leur famille à 13 ou 14 ans, qu'on a mariées à des Américains dont elles n'avaient vu qu'une photo mensongère et qui ont vite perdu leurs illusions dès qu'on les a mises au travail dans les champs de Californie (San Francisco, San Jose etc), que les hommes ont abusé d'elles, que leurs enfants, nés aux USA donc Américains, ont eu honte d'elles...

Un par un, les mots anciens que nous leur avions enseignés disparaissaient de leurs têtes. Ils oubliaient le nom des fleurs en japonais. Ils oubliaient le nom des couleurs. Celui du dieu renard, du dieu du tonnerre, celui de la pauvreté, auquel nous ne pouvions échapper.

Ensuite est survenue la Seconde Guerre Mondiale, alors on a fait disparaître les Japonais de la côte ouest car ils étaient considérés comme des espions...

La portée historique de ce court récit m'a vraiment intéressée (l'occasion de découvrir le destin de ces milliers de Japonaises, dignes et courageuses, leurs difficultés d'intégration, la dureté de leur quotidien). 
En revanche, le style ne m'a pas convaincue : si l'emploi constant du "nous", polyphonique, émouvant comme dans un hymne, m'a d'abord interpellée puis a fini par me plaire, l'effet de liste et les énumérations systématiques, longues litanies s'étirant sur des pages entières, ont fini par me lasser !
Après avoir lu une foule d'avis élogieux sur ce roman, je dirai donc seulement en tout petit que j'en ressors documentée mais déçue. Malgré tout, merci, Choco-Mum, pour le prêt de cet incontournable. ^_^
139 pages