❤ Ito Ogawa, "La papeterie Tsubaki"

(Les photos en couleurs qui suivent proviennent d'une adaptation en film - que je n'ai pas vue.)

Hatoko, dite Poppo ("pigeon"), 25 ans, revient dans sa ville natale de Kamakura pour reprendre le flambeau laissé par les femmes de sa famille : l'Aînée, la grand-mère qui l'a élevée, et sa tante, toutes 2 décédées à présent. Reprendre le flambeau et la papeterie Tsubaki ("camélia"), dans laquelle on ne trouve pas que des fournitures scolaires ou de jolis carnets...

C'est en effet dans son échoppe que Hatoko exerce le métier d'écrivain public : les gens du coin viennent la voir pour lui demander de rédiger des invitations, des faire-parts, des lettres de condoléances ou de rupture, des lettres de refus ou de pardon... Pour chacune de ces missions, la jeune femme attend l'inspiration et nous fait percevoir toute l'importance de l'écriture, de la trace écrite, dans la civilisation japonaise (en kanji ou en hiragana) : choix du stylo ou de la plume, du papier, préparation méthodique de l'encre, tout est pensé, réfléchi et revêt une signification particulière. Cette profession assez étonnante permettra à l'héroïne de reprendre confiance en elle, de se créer un réseau de belles amitiés, de relier le présent au passé afin de se réconcilier avec son aïeule et avec elle-même par la même occasion.

J'ai été absolument conquise par la galerie de personnages qui peuple ce roman ; tous apportent quelque chose à l'histoire et tous sont attachants. Poppo, Madame Barbara, Panty la ravissante institutrice, le Baron et son air bourru, la petite QP et son papa... 

Ajoutons que tous sont gourmands et qu'au fil des saisons, ils nous ouvrent les portes des restaurants, cafés et autres snacks de Kamakura, qui offre visiblement une vie gastronomique intense et alléchante (voir la carte au début de l'ouvrage) : ah, les délices à l'anguille, les biscuits aux châtaignes...! Et puis l'héroïne offre toutes sortes de thés à ses clients (en ce qui concerne l'art du thé au Japon, voir ce billet de Milly). 

Toutes les subtilités liées à l'art de la calligraphie m'ont également intéressée, sans jamais m'ennuyer. Et la mise en page, proposant en vis-à-vis version française et version en japonais (des photographies de pages correspondant à la description faite par la narratrice) m'a paru à la fois raffinée et éclairante : une bonne trouvaille.

J'ai aussi été sensible au côté spirituel et à la vie religieuse, très développés dans le récit : visites aux temples et sanctuaires, le chemin des 7 Divinités du Bonheur, offrandes, autels particuliers, rituels de purification, traditions porte-bonheur sanctuaires et même quelques évocations des fantômes ou esprits auxquels croient les Japonais.

C'est le 3e roman d'Ito Ogawa que je lis et il me semble que c'est le plus abouti, celui qui m'a apporté le plus grand apaisement aussi. Un petit bonheur-coup de coeur emprunté de justesse à la médiathèque et dans lequel je vous invite chaleureusement à croquer à votre tour. Le billet qui m'a alléchée : celui de BookInnSofa. Soukee et Milly l'ont également lu et commenté depuis.
375 pages

(billet 2019 n°7)

(billet 2019 n°5)
(présentation, programme et choco-récap par là)

Comments

[FondantGrignote]

@ Toutes : régalez-vous ! :-)

[nath]

J'avais lu Le restaurant de l'amour retrouvé qui m'avait plu mais sans plus. Je note celui-ci car je l'ai vu passer souvent sans le lire ;) Il a donc été adapté au cinéma ?

[l'or rouge]

Repéré bien sûr, noté et surligné, pour le mois du japon ça serait parfait et comment résister à un coup de cœur ?! 😉💕

[Blandine]

Déjà repéré et ton billet me donne terriblement envie de plonger entre ses pages!

[Bidib]

je note ! ce roman à l'air très riche, tu me fait envie