Carolyn D. Wall, "Aurora, Kentucky"
1938. A Aurora, petite ville du Kentucky sise au pied de collines escarpĂ©es, vivent trĂšs chichement Olivia Harker Cross, une veuve de presque la cinquantaine, sa mĂšre devenue folle Ida et son petit-fils William ĂągĂ© de 11 ans. « Miss O-livvy », comme lâappellent ses amis noirs Love Alice et Junk, tient une Ă©picerie hĂ©ritĂ©e de son pĂšre, commerçant, vĂ©tĂ©rinaire et maniant lâalambic comme personne.
Alors que la vie est trĂšs dure pour la communautĂ© noire de la rĂ©gion, Olivia en bave elle aussi : seule pour gĂ©rer la boutique, les animaux quâelle Ă©lĂšve, ce qui lui reste de famille et ses souvenirs quâelle nous raconte parce que tout finit par faire sens, elle fait ce quâelle peut, tantĂŽt maladroite, tantĂŽt pleine de rancĆur, et garde en mĂȘme temps un Ćil sur les loups amenĂ©s par ses aĂŻeux dans la colline. Ceux-ci sont en effet la cible de mystĂ©rieux et cruels chasseurs. Peut-ĂȘtre que la riche famille Phelps nâest pas Ă©trangĂšre Ă ces massacres ? Quel est le lien avec lâhistoire des Harker ? Et Wing, l'amour de jeunesse de l'hĂ©roĂŻne, peut-il encore l'aider Ă s'en sortir et Ă sauver William ? Olivia, la narratrice, nous fait remonter le temps jusquâĂ son enfance pour mieux comprendre lâombre qui plane sur les siens ainsi que le racisme dont sont capables les notables dâune ville amĂ©ricaine moyenne.
Ce roman incroyablement abouti mâa tenue en haleine du dĂ©but Ă la fin ! La voix dâOlivia est authentique, forte, rude mĂȘme ; lâatmosphĂšre, dure, froide et poussiĂ©reuse ; les personnages, fouillĂ©s et intĂ©ressants. Bref, un coup de cĆur inattendu et pas mal enneigĂ©, sentant Ă la fois le pain de maĂŻs et le sang, empruntĂ© Ă la mĂ©diathĂšque, et qui mâa fait penser Ă Beignets de tomates vertes, Ne tirez pas sur lâoiseau moqueur ou encore Les ailes de lâange.
370 pages