Le Tour du Monde en 80 livres : mai

A la fin de chaque mois, je dresserai un bilan "voyageur" dans le cadre du challenge super motivant
de Bidib, "Le Tour du Monde en 80 livres", le challenge qui vous fait aimer la littérature étrangère.
Pour progresser, c'est la nationalité des auteurs qui compte et non le cadre de l'histoire.

(Le voyage de Petite Poule trouvé à la médiathèque :
une très jolie histoire d'amour et de style - ainsi qu'un ravissant objet-livre !)

Alors, où sommes-nous partis en mai ?

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Avant tout, en ANGLETERRE pour préparer l'imminent Mois Anglais de Lou et Titine (auteurs lus ou écoutés en mai, à retrouver sur le blog en juin : Jane Austen, David McKee, Anthony Horowitz, Edward Carey, Susan Fletcher).

Toujours dans le cadre du Mois Anglais à venir, j'ai découvert une auteure originaire de SINGAPOUR, Balli Kaur Jaswal (qui a publié Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique - billet à venir aussi) : et hop, une nouvelle destination à cocher ! ;-)

Grâce à un album choisi par le Lardon à la bibliothèque de son école, je peux également valider l'IRLANDE : Eve Bunting (née en 1928) est l'auteure de Dis, maman (Tweak, Tweak en version originale). Quand Maman Eléphant emmène son petit en promenade, elle lui demande de s'accrocher à sa queue et de tirer 2 fois s'il a une question à lui poser... alors l'éléphanteau n'arrête pas de l'interroger sur tous les animaux qu'ils rencontrent ! Non, Petit Eléphant ne peut ni chanter, ni voler, ni nager mais il est capable de faire tout un tas d'autres choses. L'occasion d'une très douce leçon de choses pour mieux s'accepter tel que l'on est. Je n'ai guère été étonnée de voir que William avait choisi ce livre... ;-)

Par ailleurs, c'est lui qui a tenu à ce qu'on emprunte une énooorme BD à notre médiathèque, alors que nous traversions le rayon adulte : une BD géante qui parle d'une géante et qui s'intitule Géante (Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté) se trouvait sur un présentoir et il a apparemment eu un coup de foudre visuel ! 

Grand bien lui en a pris car ce volumineux ouvrage nous a tenu lieu d'histoire du soir (et parfois du midi) durant presque 3 semaines et fut une excellente surprise. Le scénario est signé Jean-Christophe Deveney, les dessins tout en rondeur et en candeur sont réalisés par une talentueuse jeune illustratrice née en ESPAGNE, Nuria Tamarit.

Céleste est un bébé d'une taille colossale quand ses futurs parents adoptifs, des humains montagnards, la recueillent. Elle grandit auprès de 6 "grands" frères mais veut bientôt quitter la sécurité de la ferme familiale pour découvrir le vaste monde... et ses dangers ! Peut-être connaîtra-t-elle un destin tout aussi incroyable qu'elle-même ?

Ce livre truffé de bonnes idées, à l'écriture extrêmement fine et au scénario digne des plus grands romans de formation, s'inscrit dans la tradition des contes merveilleux médiévaux (les couvertures donnent déjà le ton). Les thèmes abordés sont absolument enthousiasmants : la différence et la peur de l'autre, l'identité, l'humanité, l'amour, le savoir, les peuples anciens, le pouvoir des Femmes.. Ce n'est pas un coup de coeur mais ce n'est pas passé loin ! Vraiment ravie d'avoir croisé la route de ce bel ouvrage...

Après avoir entendu son nom durant des années et l'avoir même croisé au Salon du Livre de Paris 2019, j'ai enfin découvert la plume de Yasmina Khadra, né en 1955 en ALGERIE, avec L'Olympe des Infortunes (médiathèque). L'histoire est celle de Junior, un "simplet" trentenaire qui vit sous la protection de Ach le Borgne, son maître à penser, son bienfaiteur, son mentor, son père de substitution, qui lui voue en retour une affection sans bornes. Leurs voisins se nomment Bliss, Aït Cetera, le Pacha, Mama et son compagnon alcoolique Mimosa : tous peuplent un terrain vague hérissé de véhicules abandonnés et de déchets. Ce sont des "détritivores" ou des "Horrs", des "clodos qui se respectent" et ne doivent rien à personne : "Quand bien même nous ne possédons pas grand chose, nous mettons du coeur dans notre pauvreté." Et par opposition aux écrans de la ville, "Rien n'égale l'écran du ciel sur lequel tu peins tes rêves avec le bout de tes cils, Junior, et rien ne vaut une vue sur la mer lorsque les vagues s'amusent. On est très bien avec ce qu'on n'a pas, p'tit gars."
Leurs journées passent au rythme des mélodies qu'interprète Ach au banjo et des histoires qu'il raconte, des excursions sur les dunes de la plage et des menus événements de la décharge (naissance de chiots chez l'un, intoxication alimentaire chez un autre). Chacun a sa place, personne ne veut aller voir ailleurs car il y a finalement tout pour être heureux dans cette petite communauté volontairement marginale.

Jusqu'au jour où un étranger vient semer le doute dans l'esprit de Junior : Ach se demande alors s'il ne doit pas le laisser tenter sa chance à la ville ? Peut-être même rencontrer une femme et l'amour, qui "est la plus belle tuile qui puisse tomber sur quelqu'un". Mais pourra-t-il laisser partir son meilleur ami, ce presque fils qu'il n'a jamais eu ?

Un roman doux-amer dont le thème change franchement de ce que je lis d'habitude. Et pourtant, je me suis attachée aux personnages, j'ai partagé leur vie, leurs émotions, et ai surtout été marquée par le travail, dense, sur la langue et par la richesse du lexique ! Une rencontre concluante.
234 pages

D'Agota Kristof, j'avais beaucoup aimé Le Grand cahier, il y a une bonne quinzaine d'années : un texte très dur, à propos de jumeaux et de leur lien extrêmement fort. Pour le challenge de Bidib, j'ai eu envie de renoué avec cette auteure (1935-2011) qui a quitté la HONGRIE à la fin des années 50 et qui a rédigé la plus grande partie de ses oeuvres en français. J'ai emprunté C'est égal à la médiathèque : c'est un recueil de 12 nouvelles (entre 2 et 8 pages), un groupement de textes qu'elle a écrits petit à petit, sur plusieurs décennies. Je lis très peu de nouvelles car ce n'est pas un genre que j'affectionne mais là, au cours d'un week-end chargé, c'était pile le format qu'il me fallait, et le plus pratique aussi. J'y ai retrouvé un style sobre, presque aride, et des thèmes rugueux, pas simples (violence, meurtre, désespérance, désirs inassouvis) : la littérature d'Agota Kristof est brutale, exigeante, elle ne laisse pas indifférent. Ses nouvelles à chute m'ont particulièrement plu.
128 pages

Pour terminer en Europe de l'Est, je vais lire d'ici la fin du mois Typhon de Joseph Conrad, un auteur né en UKRAINE mais qui a largement vécu et est mort en Angleterre... A très bientôt donc !

Comments

[Blandine]

De nouvelles destinations, chouette !

Ce que tu dis de Géante me plaît beaucoup, j'aime beaucoup la plume de Yasmina Khadra (j'ai encore des souvenirs très forts de "L'attentat") et comme toi, les nouvelles ne sont pas un genre que j'affectionne...

[rachel]

Et bin de sacres voyages...les veuves pourraient m'interesser.....ouiiii et alors pour quand le Chili ? un tres bon Sepuvelda ?....;)

[Chicky Poo]

Tout plein de visites ! C'est vraiment un chouette challenge, je me surprend à faire évoluer mes lectures pour découvrir de nouveaux pays, c'est agréable :) J'avais adoré "Géante" =)

Je voulais participer au Mois Anglais, mais je pars en vacances la semaine prochaine pour 15 jours donc j'aurai du mal à poster... Mais je lirai peut-être anglais pour vous accompagner =)

Bon week-end prolongé !!