Mes lectures (et un film) "brrrr, ffffait ffffroid" (mais c'est bôôôô ^_^)
Chers z'amis,
Ces derniers temps, il a fait froid, il a fait mouillé, il a fait brumeux, il a neigé, brrrglabrrrgla...
(les photos datent de ce matin ; arrivée avec 40 minutes de retard dans mon collège-du-bout-du-bout ^_^)
Alors que diriez-vous d'un billet
encore plus froid, encore plus mouillé, encore plus brumeux, encore plus enneigé ?
(moui, ça s'appelle "vendre du rêve", n'est-ce pas ? ;-p)
(billet-bouquet sponsorisé par le magnet-orque
ramené du Québec par notre pote Mathieu en octobre)
Voici mes/nos dernières lectures en altitude (ou latitude) élevée :
Côté jeunesse, merci à nos voisins d'en-bas-à-gauche qui, à l'occasion d'un apéritif, ont offert à William cette très belle réédition d'un ouvrage datant de 1948 : Apoutsiak, Le Petit Flocon de Neige, écrit et illustré par Paul-Emile Victor. L'album, mi-narratif mi-documentaire, retrace la vie d'un Esquimau, de sa naissance à sa mort ; le tout est agrémenté de nombreuses infos sur la vie au Groenland, telle que l'a découverte l'explorateur. Un bel objet pour les petits curieux (et pour les grands aussi ^_^).
Tout ce qui suit a été emprunté à la médiathèque...
De là, comme j'étais déjà bien emmitouflée, je suis restée au Groenland avec le carnet de voyage de Fleur Daugey (partie pour un mois en résidence d'artistes à bord d'un bateau pour vivre au rythme et selon les moeurs des Inuits) 30 jours au Groenland, joliment illustré par Stéphane Kiehl.
J'ai bien aimé l'humour avec lequel la jeune femme raconte la vie à bord, son périple ainsi que ses rencontres à terre (et les différents repas partagés : le "matak" de baleine à bosses revient souvent) ; le style des dessins, épuré et chaleureux en même temps, m'a également beaucoup plu.
En redescendant un peu vers l'Europe, voilà une autre BD adulte un peu atypique (par son format géant), Le berger et l'assassin de Henri Meunier et Régis Lejonc, qui m'a transportée dans les Alpes, à la frontière entre l'Italie et la France, dans les années 30.
"Qui que tu sois, la montagne est plus dangereuse que toi."
Un "berger" anonyme croise un jour la route d'un "assassin" anonyme et blessé qui cherche un abri pour échapper aux fascistes. Le premier aime vivre loin de tout, loin des hommes, loin des balles ; le second a soif de liberté mais ne peut s'en sortir seul. Les deux personnages n'en sont pas moins humains et l'ultime épreuve qu'ils doivent traverser ensemble (à savoir un dangereux col) les rapprochera plus qu'ils ne le croient. Une belle histoire mais le trait hyper-réaliste, lui, ne m'a pas vraiment touchée...
Ensuite, j'ai emprunté l'épaisse BD de Géraldine Alibeu, L'autre côté de la montagne, écrite lors d'une résidence d'auteur dans notre département (Totoro a reconnu certains endroits et contreforts) et sortie il y a quelques mois à peine... Les couleurs vives, fortes, et le rendu visuel original et volontairement enfantin m'ont parlé. En revanche, j'avoue être restée un peu perplexe face à l'histoire de ces 2 soeurs, visiblement encore des petites filles, qui se lancent dans une rando de plusieurs jours sans aucun adulte, avec arrêts dans des refuges, dans l'idée de gagner le sommet de la montagne et de marcher sur les traces de leur tante (à qui elles ont emprunté sa vieille carte IGN)...
J'ai par ailleurs dévoré (mais ça ne restera pas un parfait coup de coeur pour autant) le thriller enneigé Les Confins par Eliott de Gastines. 1984. Tout un hameau de Haute-Savoie baptisé Les Confins, situé à plus de 1600 mètres d'altitude et coupé du monde comme chaque hiver (la route descendant dans la vallée devient trop dangereuse donc les autorités coupent l'accès : ceux qui choisissent de rester là-haut vivent en autarcie totale), a brûlé... Plusieurs corps calcinés jonchent les lieux : c'est le terrible constat que font les gendarmes à la fonte des neiges. L'affaire aurait-elle un lien avec l'énigmatique décès de Pierre Roussin, architecte lyonnais qui avait pour ambition de faire des Confins Village une station de ski à la pointe du progrès mais s'imposant par son côté humain, à dimensions gérables, ancré dans l'existant et dans les flancs de la montagne plutôt que ces cages à lapins résultant du fameux plan neige ?
Eliott de Gastines, publicitaire et scénariste pour le petit écran, s'est librement inspiré des réalisations de son propre grand-père, l'un des fondateurs de La Clusaz (Les Confins est d'ailleurs le nom d'un des quartiers de cette célèbre station savoyarde) pour explorer les côtés les plus sombres de l'humain dans un récit où se mêlent complot, soif de vengeance, malaise et impressions glacées. Ah, cette sensation de catastrophe imminente ! Un huis-clos plutôt réussi où l'alcool : j'ai beaucoup aimé les deux premiers tiers du roman pour l'ambiance et les allers-retours temporels ; la dernière portion, par contre, m'a paru un peu trop glauque et malsaine (rien de sanglant mais beaucoup de cendres). Dommage aussi que les clés aient été données peut-être un peu vite au lecteur, qui savait dès le début ou presque comment le tout allait s'achever et s'expliquer.
284 pages
Sinon, je lis en ce moment Abîmes de Sonja Delzongle (dont j'avais grandement apprécié la première moitié de Boréal), un autre thriller paru cette année. D'ailleurs, nous sommes en janvier-février 2023, dans les Hautes-Pyrénées, autour d'un village où, il y a 24 ans, un crash aérien a provoqué une terrible avalanche emportant 11 enfants partis en montagne avec leur guide. Au village, où vivent "ceux d'en-haut", la capitaine de gendarmerie Flores vient d'engager un nouvel équipier, ancien pisteur et... fils du couple qui avait justement projeté son avion privé contre le massif en 1999 ! Dans la vallée, vivent "ceux de la forêt", une étrange communauté qui suit le rythme des saisons et vit à l'écart de la civilisation... enfin, jusqu'à ce que les 2 mondes se téléscopent : dès lors, le sang coule, les morts se succèdent et une nouvelle avalanche encore plus meurtrière que la première s'annonce !
Aspect tribal, protection des espèces (pour le loup et l'ours / contre le loup et l'ours), drames humains, passages très crus, très glauques et d'autres très émouvants : ce thriller psycho-écologique me happe. Même si je commence à détester un des personnages féminins et si je pressens que je serai peut-être un peu moins "fan" du dernier tiers : une révélation assez "capillo-tractée" vient d'avoir lieu et je ne sais pas si je vais adhérer à la suite-fin... A voir. En tout cas, pour l'instant, ça me plaît.
268 pages lues sur 445.
Outre la garbure, cette soupe-potée de légumes pyrénéennes, un autre passage gourmand : Comment annoncer cette tragédie à l'Espada ? Raquel était comme sa fille. C'était la question qui rongeait Noah, tandis qu'après s'être forcé à avaler une part de galette complète au fromage avec de la viande séchée et du thé réchauffé au poêle à bois, il essayait de trouver le sommeil à côté des sanglots étouffés de Miren.
Voici pour finir ma lecture audio actuelle, L'illusion de Maxime Chattam, qui commence avec un énigmatique chapitre concernant un magicien-phénomène (et fictif) des années 70 puis qui nous conduit dans la station (imaginaire) de Val Quarios, dans les Alpes (les localités "Montdauphin" et Guillestre" sont citées) : c'est là que Hugo, comédien et auteur raté, compagnon égoïste que sa copine vient de quitter, doit passer les 5 mois d'été à faire l'homme à tout faire en compagnie d'une douzaine de personnes de tous âges et de tous horizons, chargées de réparer / rénover / relooker / assainir / préparer la station pour le prochain hiver (l'été, tout est fermé là-haut). Quel sera le lien entre le personnage de l'illusionniste présenté au départ et cet été à huis-clos pour revoir ses priorités ?
J'ai écouté un tiers des 13h30 annoncées et, pour le moment, j'oscille entre intérêt et espoir d'une réelle action, de quelque chose de plus tangible. La tension est bien là (brrrr, évoluer dans ces bâtiments presque vides à la "Shining", où des personnalités variées ne font que se frôler ; brrrr, cette impression d'une présence, d'un malaise, jusque dans la vertigineuse piscine ; brrrr, ce chalet-manoir qui semble tout observer de loin ; brrrr, les découvertes macabres dans la sapinière et sur les troncs d'arbres) mais j'attends encore avant de me faire une idée... Ca se met en place, petit à petit ; je soupçonne certaines choses... Première lecture d'un roman de Chattam (je n'avais lu de lui qu'une nouvelle jusqu'à lors) et son style, élégant sans en faire trop, me plaît beaucoup. Par contre, la voix de Charles Morillon ne m'emballe pas des masses : un peu trop douce, trop feutrée, parfois indéchiffrable ; c'est assez inégal dans l'interprétation (mais avec de vraies fulgurances et des effets de génie).
Rétroactivement et dans un registre nettement plus "feel good", Totoro et moi avons beaucoup aimé l'histoire presque totalement vraie de "L'Ascension" (2017), vu le premier week-end des vacances de Noël : on est partis au sommet de l'Everest avec Ahmed Sylla et c'était très chouette!