Sir Michael Morpurgo : aventures, paquebots, musique et animaux

Enthousiasmée par ma lecture du récit Le trésor des O'Brien en février dernier, j'ai poursuivi ma découverte d'autres textes de l'Anglais Michael Morpurgo (né en 1943 dans le Hertfordshire) avec ces deux romans :

Kaspar, le chat du Grand Hôtel, 2008 (lu mi-avril)

Nous sommes en 1912. Johnny Trott, 14 ans, orphelin, solitaire, travaille depuis quelques mois au Savoy, l'un des plus grands palaces londoniens, quand il fait la connaissance d'une cliente pas comme les autres : la comtesse Kandinsky, pianiste et cantatrice. Sans famille, elle a pour unique compagnon un chat sombre répondant au nom de Kaspar. Accaparée par ses répétitions de La flûte enchantée à Covent Garden, l'artiste demande alors à Johnny de s'occuper de son chat en son absence. Très vite, le jeune groom s'attache au félin racé et délicat. Lorsque la comtesse disparaît brutalement, Johnny pleure sa seule véritable amie puis décide de prendre Kaspar avec lui dans sa mansarde, au risque de perdre son travail. Mais il n'est pas le seul à tomber sous le charme de l'animal : c'est aussi le cas de Lizbeth, une fillette américaine qui réside au Savoy avec ses parents et qui doit repartir à New York, quelques semaines plus tard, à bord du Titanic...

(merci à ma collègue Elizabeth pour ce beau coussin ayant appartenu à ses jumeaux aujourd'hui majeurs ^_^)

Inspiré par la sculpture d'un chat baptisé Kaspar qui trône sur le bar du Savoy encore aujourd'hui, Michael Morpurgo signe ici un délicieux roman d'aventures, à la fois historique et dramatique. Le cadre est posé avec efficacité et réalisme ; les personnages se trouvent croqués avec tendresse ; l'intrigue, rédigée d'une manière fluide, est très agréable ; les illustrations de Michael Foreman, ravissantes. Un joli ouvrage déniché chez Enna (et Bastien).
175 pages

💖 Le mystère de Lucy Lost, 2014 (lu fin février)

De nouveau, c'est chez Enna (et Bastien) que j'ai repéré ce délicieux roman jeunesse (un coup de coeur). Celui-ci se situe à peine un peu plus tard, au printemps 1915, associe de nouveau Amérique et vieille Europe, et commence dans l'archipel britannique des îles Scilly, au sud-ouest de l'Angleterre. Des îles dont certaines, minuscules, sont aujourd'hui abandonnées, désertées par leurs habitants. 

L'action se situe principalement sur et autour de l'île Bryher où habite la famille Wheatcroft : Mary la mère, Jim le père, Alfred dit Alfie, leur fils de 14 ans, et l'oncle Billy qui vit dans son monde bien à lui et n'aime rien tant que réparer son bateau de pirate car il se croit dans L'île au trésor ! Comme beaucoup de leurs voisins, proches ou habitant de l'autre côté du chenal, les Wheatcroft vivent de la pêche. Tout commence donc par une sortie en mer pour ramener du poisson :

(A défaut d'avoir cuisiné du poisson, voici une crêpe à écailles. ;-p)

Le poisson était difficile à trouver, ce matin-là. Pour garder le moral dans le bateau, Jim et Alfie parlaient du dîner, y pensaient, se demandaient comment Mary allait cuisiner leurs maquereaux le soir : trempés dans l'oeuf, roulés dans l'avoine, salés, poivrés. Elle les faisait toujours frire dans le beurre. L'odeur se répandrait dans toute la ferme. Ils s'assiéraient à la table déjà dressée de la cuisine, attendraient, l'eau à la bouche, savourant le bruit et l'odeur du poisson grésillant dans la poêle. Il y aurait aussi du thé fort et sucré, du pain sortant du four, et du pouding au pain et au beurre, s'ils avaient de la chance.

(billet 2020 n°17)

Père et fils longent alors l'île de St Helen's, où se trouvent les ruines de l'ancienne "maison des Pestiférés" : autrefois, les immigrés malades y étaient placés en quarantaine (ou enterrés) et les gens disent que l'endroit est hanté. Mais dans le foyer de la cheminée, seul endroit encore protégé des intempéries, Alfie et son père ne trouvent pas de fantôme : ils découvrent une adolescente d'une douzaine d'années blessée, fiévreuse, en état de choc, qui ne prononce pas un mot et qui meurt de faim. Nous sommes pendant la Grande Guerre et les rumeurs vont bon train... Qui est cette jeune fille ? Que faisait-elle là, seule ?

Ce récit dense et capitant a été inspiré par le torpillage bien réel du luxueux paquebot Lusitania, parti de New York en mai 1915 (un navire civil américain qui, selon les Allemands, transportait aussi des munitions ainsi que des explosifs ; c'est ce qui aurait précipité le naufrage de ce géant des mers, sombré en 18 minutes seulement, faisant plus de 1000 victimes). Mais le quotidien au sein de la communauté des îles Scilly est très bien rendu également. Emouvant, instructif, captivant et finement pensé, ce roman m'a fait sourire à certains moments et pleurer comme une madeleine à d'autres. De nouveau, j'ai apprécié l'écriture fluide, douce et élégante de l'auteur ; ainsi que son message de tolérance et de bienveillance (la famille Wheatcroft m'a totalement fait fondre).
422 pages

(billet 2020 n°10)

Comments

[MyaRosa]

... Et le coussin est trop chouette ! :)

[MyaRosa]

Que ça donne envie ! J'ai plusieurs livres de cet auteur dans ma PAL et notamment le premier. Le second a l'air vraiment superbe. J'hésitais encore, tu m'as convaincue !

[Alexielle]

J'ai adoré Le Mystère de Lucy Lost, qui comme toi, m'a mise dans tous mes états ^^ C'était ma première lecture de l'auteur mais ce ne sera pas la dernière ^^

[Blandine]

Oh Michael Morpurgo <3 J'aime et tout particulièrement Soldat Peaceful <3

J'aime ce que tu dis de ces deux romans!

[FondantGrignote]

@ Toutes : oui, il ne faut pas hésiter à découvrir ce merveilleux conteur !