Qui a peur du grand méchant loup ? (avec 💗 "Chien-Loup")
(chez Lou / chez Hilde ~ billet 2021 n°2)
Voici un p'tit florilège "canis lupus" contenant mes dernières lectures sur le sujet...
Sur ce thème, voir notamment Le coeur des louves de Stéphane Servant,
L'homme à l'envers de Fred Vargas ainsi que Un loup-garou dans la maison ! de R.L. Stine.
Pour commencer, un tout petit album donné par ma copine Chrys pour le Lardon,
lorsque je suis allée passer 2 jours chez elle, cet été : une réécriture d'un conte bien connu
par Alexandre Jardin, Le Loup ne mangera pas les 7 chevreaux !
Drôle et inventif car la petite Salomé a décidément plus d'un tour dans son joli sac à main.
Nous l'avons lu plusieurs jours d'affilée. ;-)
💗 Serge Joncour, Chien-Loup
(voir le vlog consacré à cette lecture, fin août)
Août 2017. Lise et Franck, deux quinquagénaires travaillant dans le milieu du cinéma à Paris, réservent un gîte quasiment inaccessible, au coeur du Lot, dans le "triangle noir". La vieille maison, vraisemblablement louée pour la toute première fois et dans laquelle le temps semble s'être arrêté aux années 50, se situe au sommet d'une colline abrupte, coupée du monde : pas d'Internet, pas de téléphone portable, pas d'eau potable... et un épais mystère qui entoure l'histoire de la bâtisse et du vieux village en ruines au pied du Mont d'Orcières, abandonné depuis des décennies. Alors que Lise se sent parfaitement à l'aise ici, son époux, lui, vit très mal ce sevrage forcé des réseaux sociaux ainsi que la profonde solitude qui sera la leur durant 3 semaines. L'endroit est sauvage, isolé, tout y semble possible et un immense et étrange chien perdu paraît s'attacher aux locataires.
Pour le déjeuner, Franck prépara une salade comme ils aimaient en composer l'été. Des tomates, du basilic, de la roquette, des courgettes émincées avec beaucoup d'huile d'olive et des lamelles de mozzarella. Et les fromages de chèvre. Il y a même un peu de Zola dans la description du marché de Limogne et dans l'évocation de l'étal du boucher...
Août 1914. Au village d'Orcières, le tocsin sonne le début de la Première Guerre Mondiale et de la mobilisation générale. Les hommes partent au front ; les femmes prennent tout le reste en mains. Et un dompteur allemand s'installe tout en haut du Mont, dans cette propriété qu'on dit damnée depuis longtemps, avec ses 8 fauves : des lions et des tigres qu'il ne peut ni ne veut ramener en Allemagne afin de les protéger... Or, dans l'air du soir, les femmes, les enfants et les vieillards entendent les rugissements et les feulements, ce qui accroît encore leur désespoir et leur inquiétude. Joséphine, l'épouse du docteur, veuve de guerre, ne perçoit pourtant pas les choses de la même manière...
Tension, voire angoisse, évolution inattendue des personnages, retour aux instincts primaires, nature, regrets, enfants, passion, place des femmes, folie : quel éblouissant roman-feuilleton aux chapitres courts et bien rythmés ! L'alternance efficace et maîtrisée des époques, la solide documentation historique ainsi que la courbe que suit la narration m'ont complètement convaincue. Certes, j'ai trouvé que certaines redites alourdissaient légèrement le récit et je m'attendais à une fin plus spectaculaire mais cette lecture, facile et intense à la fois, demeurera un grand coup de coeur. Merci, Choco-Mum, pour la suggestion ! ^_^
534 pages
Aurore Gomez, Où le loup demeure
De nos jours, on a réintroduit des loups sur une île montagneuse fictive (les toponymes sont franchement bien trouvés et évoquent un ailleurs rêvé : "l'Altar", "Ascoz", "le cirque de Kerr", "Vieille Combe", "les Trois Fjords"). Dans le village rugueux de Fonfroide, certains habitants, notamment des éleveurs de chèvres, voient le retour de ces prédateurs d'un mauvais oeil. En parallèle, Mathilda 17 ans, séjourne chez sa tante puisqu'elle a dû quitter son lycée en catastrophe. Elle fait vite connaissance avec des jeunes de son âge : Benjamin, cinéphile en surpoids plus gêné par le malaise qu'il provoque chez les autres que par son propre corps ; Emilie, une danseuse au fort tempérament et au petit copain imbuvable ; et surtout Abel, le frère jumeau d'Emilie, un garçon sauvage, rongé par d'étranges phobies et héritier de la malédiction paternelle : Abel serait ainsi une sorte d'ado-loup (la référence au film "Les enfants loups" est d'ailleurs explicite). Aux côtés de Panto, le grand-père de Benjamin qui connaît la montagne comme sa poche, et d'Eléonore Malraux, chargée de mission pour l'Agence nationale de la protection de la nature, les ados vont partir sur les traces des loups, tout en protégeant le secret d'Abel...
Ce qui m'a plu ? L'atmosphère montagnarde et mystérieuse, auréolée de brume automnale, la place de la nature ainsi que les nombreuses références culturelles (films, séries, romans, musique). En outre, l'auteure s'appelle Aurore, est prof de lettres depuis plus de 10 ans et a été remuée par Wild de Cheryl Strayed : ça partait donc super bien ! ^_^ Cependant, je crois que j'attendais trop de ce livre et, en toute honnêteté, j'ai été un peu déçue. Les personnages sont très nombreux (j'ai eu du mal à m'y retrouver, dans les premiers chapitres) et certains ne sont pas assez fouillés selon moi. Et à l'issue de la révélation finale, j'ai pensé "Tout ça pour ça ? Ah ok..." Ensuite, le langage, bien qu'en accord avec notre société moderne, m'a parfois un peu heurtée. Enfin, il est très laborieux de lire des épreuves de presse non corrigées lorsque le manuscrit brut comporte pas mal d'erreurs d'orthographe, de syntaxe ou tout simplement de frappe ! (tout a dû être rectifié avant publication officielle, j'imagine, ouf) Bref, une lecture sympathique mais qui me laisse quand même un goût d'inabouti. Heureusement, Blandine a été plus convaincue que moi.
296 pages